MACHINALEMENT 2. COUPLET Plus tard étant collégien, Comm'je ne fichais rien, Le dimanche après-midi J'étais toujours puni. J'ai copié, je peux l'savoir, Cent mill'fois le verbe avoir. D'autres, dégoûtés, A la fin auraient protesté. REFRAIN Moi, j'ai fait ça machinal'nient, Sans savoir comment, Avec un'triple plume, afin D'voir plus vit'la tin, Tout en r'gardant les mouch's voler Et batifoler, Moi, j'ai fait ça machinal'nent, Sans savoir comment. 3° COUPLET Lorsque je me suis marie, Cela n'a pas varié. J'ai rempli tant bien que final Le devoir conjugal, Comme je biIclais, en somm'Au collège, mes pensums. Et, pauvre opprimé, J'ai conjugué le verbe aimer. REFI ; A IN Moi, j'ai fait çai tàêirinal'tncnt, Sans savoir comment, Tout, comme avec son composteur, Fait un bon facteur, Comme un chauffeur d'taxi-auto, Relèv'son drapeau. Moi, j'ai fait ça maehinal'ment, Sans savoir comment. APRÈS LES ÉTRENNES — Une bonne nouvelle, m'sieur... Le petit d'en-dessous vient de crever son tambour !... Dessin de Bocit. C'est triste de diner seule... — Surtout au moment de l'addition ! Dessin de li. CHANCEL, L'ASTUCE DU DOCTEUR Mme Jalicot, À. peine assise dans le fauteuil, éclata en sanglots. Le bon docteur Grisolle s'approcha et lui prit affectueusement les mains. Voyons, (lit-il... Quel est cc gros chagrin' ?... Qu'est-ce qu'il y a ?... Mm Jalicot répondit d'une voix entrecoupée par les larmes : — Ah ! docteur, docteur, je suis perdue !... — Mais non, mais non.. Peut-être pas... Qu'y Confiez.vous à votre vieux docteur. Mme Jalicot, sans répondre directement, se dressa, étendit les bras- et, d'une voix nathétique : — Et pourtant, je vous jure que je suis une honnête femme !... — Parbleu ! fit le docteur... Je me disais aussi que ce ne pouvait être très grave... Quelque imprudence, sans doute... — Ah ! je ne. sais vraiment où j'avais la tête... 11 était si beau, si beau !... niais je ne l'ai jamais revu, oh ! je vous en donne ma parole, jamais !... Une fois-, une fois seulement !... Le docteur hocha la tête. — Si je vous comprends bien, cela a peut-être suffi... — Voila ! murmura Mme Jalicot baissant la tête, accablée. Le bon docteur fia sermonna paternellement. — Eh bien, c'est du joli... Oh ! je devrais vous gronder !... Mais vous êtes déjà suffisamment punie par le chagrin qui éclate en vous... Et si vous vous repentez réellement... — Il s'agit bien de repentir ! s'écria Mme Jalicot. C'était un nègre !... — Un nègre !... L'aveu une fois échappé, M11e Jalicot devint pourpre de confusion, et, détournant les yeux, d'une voix presque imperceptible. Oui, docteur... Et je crois, je crois..., enfin, je suis sûre.., oui... que je vais être mère... — Diable ! dit le docteur... Cela est plus grave... Mais, enfin, -oyons, peut-être que M. Jalicot... Il suffirait, vous saisissez, d'une simple priorité... — Ah ! docteur, si je le savais !... Mais comment savoir !... C'est atroce !... A la seule pensée que mon enfant puisse être noir... — Teinté, teinté seulement... — Ob ! c'est la même chose ! A cette seule pensée, je me demande si je ne ferais pas mieux de disparaître tout de suite, de me jeter à l'eau... — Ce n'est pas pour nie demander un conseil à cet égard que vous êtes venue me trouver, ma chère enfant... Vous aviez, au contraire, l'espoir que je pourrais peut-être vous sauver... Eh bien, il y a un moyen... — Serait-il possible, docteurl... Oui... Il s'agit d'un subterfuge que ma conscience réprouverait si je n'avais, pour vous et votre mari, une amitié qui souffrirait trop d'un irrémédiable déchirement entre vous... Nous allons simuler un cas assez rare, mais que la science a relevé plusieurs fois avec certitude...llcoutez-moi bien... La première fois que, vous promenant avec votre mari, vous rencontrerez un nègre, feignez de tomber dans une violente crise nerveuse, criez, débattez-vous, suppliez M. Jalicot de vous éloigner d'un aussi horrible spectacle.. : Si, le montent venu, votre enfant est blanc, notre précaution aura été inutile... Mais s'il présente quelque coloration, nous l'expliquerons par |