ELLE ET LUI DIALOGUE D'ALOOVE — Margot, combien eus-tu d'amants ? Suis-je le second ou dixième ? — Que t'importe, puisque je t'aime ! Ah ! Margot, m'aimes-tu vraiment ? — Je veux t'en donner une preuve : Sur mon corps mignon que voilà, 11 se trouve une place neuve Qu'aucun amant jamais d'un baiser ne frôla. Elle est à toi. Pourtant il faut que tu déniches Toi-même l'endroit que je dis. Va donc, explorateur hardi, Tâche de découvrir ce territoire en friche. — Tes lèvres ?... Cherchons autre part... Ton nez, ton front ? — Non, autre chose. — Boirai-je ton regard Entre tes paupières mi-closes ? — Non plus. — Sur ta nuque ou ton dos Trouverai-je un eldorado ? L'épaule contournée (en passant je la baise) J'arrive à ta poitrine. Allons Au sommet de ce mamelon, Nous y cueillerons une fraise. Puis redescendons tout le long De ce vallon. Ce grain de beauté sur ta hanche, Est-celui dontjamais un baiser n'approcha ? — Non, sans doute. — Je donne alors ma langue au chat. — Arrête, tu fais fausse route. — Toujours se dresse le passé, Hélas, où que mes lèvres jouent. — Te voilà bien em l s ar..assé, Nigaud : embrasse-moi simplement sur les [joues. Charly LA BROSSE. — Compliments, mon cher 1... Femme délicieuse !... Un vrai pastel ! - A qui 1e dis tu ?... Chaque fois que je l'embrasse j'ai la ligure toute barbouillée 1 Dessin de R. CBANciad. — Misérable'... Dans mon lit !... dans mes draps !... — Oit ! ilion ami..., tu penses bien que je les aurais tout de même changés ! LA FOURRURE Dessin de Raymond PALLIKR. Depuis huit jours Nounouche ne décolère pas. Pour sa fête, je lui avais offert une superbe écharpe de vison et voici qu'au café, un soir, ayant accroché cette écharpe à une patère, à deux pas de la table où nous étions installés elle et moi, une personne indélicate — ou un peu myope — avait enlevé cette écharpe, laissant à la place une pauvre petite cravate en renard surnaturel, je veux dire en véritable lapin, mais pelée, élimée, tout ce qu'il y a de plus marché aux puces. — Ah ! si jamais je la revois, mon écharpe, sur les épaules de la fripouille qui me l'a barbotée, qu'est-ce qu'elle prendra, la dame ! —I1 y a des chances, ma bonne Nouuouche, pour que la dame en question, qui, d'ailleurs, est peut-être un bonhomme, aille opérer en d'autres parages. Je crois que tu peux en faire ton deuil de cette écharpe. — C'est à voir murmura rageusement ma mie. En cherchant bien... Nounouche s'est juré de retrouver sa fourrure. Et dès lors nous passons notre existence à courir les cafés et à prendre nos repas au restaurant. Lâchement, je fais des voeux pour que jamais nous ne nous trouvions en présence de notre voleuse. Car en y réfléchissant, ce ne peut être qu'une femme qui, à la place du vison, a pu mettre ce renard-lapin atteint de calvitie. Et je ne doute pas de l'esclandre que ma Nounouche provoquerait si jamais elle se trouvait nez à nez avec l'auteur du larcin. Dès que nous entrons dans un quelconque lieu public : théâtre, concert, dancing, café ou restaurant, Nounouche jette autour d'elle un terrible regard circulaire et ne consent à s'asseoir qu'après avoir acquis la certitude que son vison n'est pas là. — C'est absurde ! ai-je beau lui dire, rien ne ressemble plus à une fourrure de vison qu'une autre fourrure de vison. 11 te faudrait vraiment une certitude, impossible d'ailleurs à avoir, pour oser accuser quelqu'un. — Ne t'en fais pas ! réplique Nounouche, je ne me tromperai pas... J'ai un truc infaillible pour la reconnaître ! Et la catastrophe que je redoutais s'est produite comme nous commencions à dîner, hier, dans un cabaret du boulevard ; soudains je vois Nounouche tressaillir, se lever à demi, se rasseoir avec tous les signes de la plus vive émotion.. — Ça y est ! je la tiens ! dit-elle dans un souffle. — Qu'est-ce que tu tiens ? — Ma voleuse ! — Ali ! je t'en prie, pas de scandale ! — Non, mais des fois... penses-tu que je vais rester là comme une potiche ?... Je ne suis pas un voyou... Je sais m'exprimer poliment. Tu vas voir que ça va se passer très gentiment. Avant |