AU SALON — Il a gagné cent mille francs, l'année dernière. — Vraiment ? Avec son cube ? Dessin de Ch. GENTY. LA SAGE-FEMME Comme Mme Doune était enceinte de près de neuf mois, elle fit venir chez elle, à demeure, sa sage-femme. — Zut ! songea M. Doune quand il sut qu'une metteuse au monde allait habiter chez eux ; zut ! ça va être gai. Une sagefemme c'est toujours vieux, grognon, et ça porte des lorgnons et des mitaines. Ah ! quelle raseuse ! Aussi quel ne fut pas son étonnement quand il vit arriver une femme encore jeune, fort appétissante (surtout pour un homme qui, sur les ordres du docteur, n'a pas mangé depuis assez longtemps) et, ma foi, très désirable. Par contre, si c'était une jeune, appétissante et désirable femme, elle n'avait pas l'air si sage que son titre voulait bien le dire. La première fois que M. Doune put converser sans témoin avec elle, il lui dit, sans plus de façons : — Ah ! madame, vous venez ici pour nous apporter un enfant. Une politesse en vaut une autre : laissez-moi vous dire que je vous en ferais un volontiers. A quoi Mme Faiseuse (tel était le nom de cette femme de science) répondit : Monsieur, je ne vous demande rien ! Pour qui me prenezvous ? En voilà des manières ! Puis elle ajouta : — Ne me regarde pas comme ça. Tu me donnes des frissons D'un bond M. Doune fut debout, et l'entretien -eût sans doute pris un tour fort intimement badin, si Mme Doune n'était entrée à ce moment, précédée de son ventre majestueux. A cette vue, M. Doune fut ramené à des sentiments plus moraux. Il s'accusa en son for intérieur d'être un ignoble individu. Lever les yeux sur la créature chargée de cueillir le fruit de sa volupté conjugale, quel vice 1 A quel degré d'infamie n'était-il pas tombé ? Cependant, le soir même, il humectait, entre deux portes, les lèvres de la sage-femme d'un baiser furtif. Mais pousser les choses plus avant n'était pas commode. LA Gu LE DS E GRANDES LIQUEURS FRAM, AISES R C BCRQ£AJY -,',' |