C'était pendant la guerre. Une duit, un soldat boche qui se trouvait en première ligne eut une telle frayeur de notre bombardemènt que, n'y tenant plus, il s'enfuit vers l'arrière. Dévalant à travers champs,plaines et vallées, courant comme un fou, de toute la vitesse de ses jambes, il courut tant et tant, toute la nuit, qu'il échoua, mort de fatigue, dans un village inconnu de lui, comme l'aube se levait : Là, un peu remis de sa frayeur, il voulut savoir où il se trouvait et il interpella un soldat qui passait, croyant avoir affaire à un sous-officier : Pardon, sergent, je me suis égaré ; pourriez-vous me dire où je me trouve ? L'interpellé le dévisagea durement, et répliqua avec morgue : — Que fais-tu là, qui es-tu, toi qui m'interroges ? Ne vois-tu donc pas que je suis général ? — Général ! général !... Oh ! bon Dieu, est-il possible que vous soyez général ? Je vous demande bien pardon, mais je ne croyais pas être parvenu aussi loin. M. et Mme Bloch sont couchés. M. Bloch ne peut arriver à s'endormir. I1 se tourne..., se retourne... A la fin, Mm" Bloch finit par lui dire : — Enfin, mon ami, qu'est-ce que tu as ? — Ce que j'ai ? C'est bien simple, répond M. Bloch. J'ai Glue, demain, c'est la fin du mois et que la traite de Lévy arrive à échéance : or, je n'ai pas le premier son pour la payer !... — Lévy qui habite en face ? — Oui, Lévy qui habite en face. — Et c'est cela qui t'empêche de dormir ! Attends. D'un bond, Mme Bloch est debout ; elle ouvre la fenêtre et se met à crier : — Monsieur Lévy ! monsieur Lévy ! La rue est très étroite et Lévy loge au même étage, juste en face. Au bout d'un moment il ouvre lui-même sa fenêtre et demande : — Qui est-ce qui m'appelle ? — C'est moi, MIKe Bloch. — Ah ! c'est vous, Mme Bloch. Et qu'y a-t-il pour votre service ? — Il y a que demain arrive votre traite à échéance. Eh ! bien, mon mari n'a pas le premier sou pour la payer. Et, sans attendre, elle referme brusquement la fenêtre. Se recouchant alors auprès de son mari, elle lui dit : — Maintenant tu peux dormir ! C'est lui qui ne dormira pas ! ** Un crépuscule d'hiver dans une modeste maison à la campagne. C'est là qu'achève de mourir le capitaineX... (35 ans de services, autant de campagnes, dans l'armée coloniale). Sa famille, réunie auprès du Et, attend le prêtre qui doit apporter les derniers sacrements. Le voici : c'est un jeune vicaire plein de foi et de zèle. Il s'approche du moribond et l'exhorte au repentir. Peu à peu il s'exalte et, lui présentant le crucifix : = Regardez, lui dit-il, c'est pour vous que le fils de Dieu est mort ; c'est à cause de vos péchés qu'il a été crucifié, et chacune de ses plaies est votre oeuvre. Repentez-vous donc et demandez à Dieu la rémission de vos péchés. Pendant que le prêtre lui présentait ainsi le crucifix, l'enfant de choeur éclairait la scène avec le bougeoir. Le moribond se souleva à demi : — N. de D..., écartez cette bougie, s'écria-t-il, vous allez lui brûler le derrière et vous direz encore que c'est de ma faute ! COMPENSATION UNE INITIÉE — Eh ! bien, êtes-vous satisfaite de votre nouveau râtelier ? — Qu'est-ce que tu prends ? Un bock aussi ?.. — Certainement : II ne vaut rien pour mâcher, mais, pour rire, Non, un bock c'est trop !... Donnez-moi un demi ! il est épatant ! Dessin de BIILMANN. Dessin d'Arsene BalvoT. |