L'IRRÉSISTIBLE — C'est la troisième qu'il entraîne depuis ce matin ! — Et pourquoi ?... Parce qu'il a des chaussettes de soie ! Dessin de H. MIRANDE. RENSEIGNEMENTS A Paris, un appartement quelconque. Midi : une clé dans la serrure. La porte s'ouvre : apparaît la bonne balle réjouie de Monsieur. Il a faim, cet homme, et tout de suite son regard, son regard de toutou en quête d'un os, explore la salle à manger. Désillusion !... Rien, hormis une salière vide oubliée sur le buffet, ne décèle qu'on pense ici à déjeuner. Impudemment couché, en travers de la table, gît un balai narquois, tandis que lamentable, à l'espagnolette, pend un inutile plumeau. Alors, quoi ? On jeûne aujourd'hui ?... Eh non ! car voilà justement, au nez frétillant de Monsieur, une forte odeur de graisse brûlée. Courageux, tel un pompier à l'échelle, il s'élance vers l'incendie, et, entr'ouvrant la porte de la cuisine : — Eh bien !... qu'est-ce qui sent comme ça ?... Je crois, mon petit chou, que... — Oui, là !... Ce sont ces saletés de côtelettes qui ont un peu attaché 1 — Un peu ! —...turellement ! Des reproches !... Fais-les donc toi-même, tes côtelettes... Mais fais-les donc ! Ce n'est pas mon affaire. — Ah ! ah ! tu flanches !... tu flanches !... Tu ne serais même pas fichu de les faire brûler, toi !... Tu les mangerais crues ! — Voyons, ma chérie... — J'en ai plein le dos, moi, à la lin, de faire la bonne !... J'ai des ongles, tiens, j'en ai honte !... — Est-ce ma faute si Adèle est partie ? — Sûr !... Tu n'as pas voulu l'augmenter ! Argument sans réplique. Le pauvre mari reste coi. Un silence pèse, parfumé de graillon. Puis, timidement, Monsieur, enfin, ose interroger : — Alors, qu'est-ce qu'il a fricoté de bon, ce petit coco-là ? — (Rogue.) Côtelettes. — Je vois. Et avec ça ? Nouilles. — Encore ! — Quoi, encore ? |