PETITES AFFICHES — Il est plutôt long, ton député ! Oui, il doit sûrement amorcer sa campagne électorale. Dessin de VARS. LE BAISER DÉFENDU Pour un barbon, quelle folie D'épouser un jeune tendron ! -Tant mieux pour ses amis, et tant pis pour son front. Il est doublement fou si la fille est jolie. La race des cocus jamais ne s'éteindra. Certain vieillard, piqué de cette tarentule, Complotait d'amener, malgré le ridicule, Une pucelle dans ses draps. L'âge avait épuisé sa force. S'il essayait parfois d'entrer au paradis D'amour, il s'affalait sur le seuti interdit. La sève était tarie au-dessous de l'écorce : En cet état, n'est-il pas vain D'épouser une fille à la fois belle et jeune ? La condamnera-t-on au jeûne ? A moins qu'on ne trompe sa faim En lui servant quelques hors-d'œuvre. Ah ! plaignons l'Eve qui s'attend A rencontrer un beau Satan, Et ne trouve, serpent déchu, qu'une couleuvre. La sagesse n'est pas l'apanage des ans Comme, à tort, on se le figure. Ce vieux fripon osait offrir à sa future Ses charmes passés, en présent. Le jour des noces vient. Il convie à la fête Tous ses amis. Ceux-ci, narquois, Se demandent pourquoi Cette cérémonie est faite. Les invités partis, voici le soir venu, Et voici l'épousée au bord de l'inconnu Voici l'instant du tête-à-tête. Adieu fleur d'oranger, adieu beau voile blanc, Et robe de satin qu'on retire en tremblant ; Adieu jupon, corset... L'ingénue en chemise, Rougissante et soumise, Se réfugie au fond du grand lit sans rideaux. Son mari l'y rejoint, à ses côtés se couche, Dépose un baiser sur sa bouche, Puis lui tourne le dos. La pauvrette, en son coin, se disait, fort déçue : « Un si maigre plaisir vaut-il un hosanna ? Pour s'échanger, d'un coeur à l'autre, l'amour n'a Donc que les lèvres pour issue ? » Tant de réserve était assez peu de son goût. — Est-ce taut ? interrogea-t-elle. — Oui, ma belle, C'est tout — N'est-il pas d'autres jeux secrets pour ceux qui s'aiment ? Ce baiser suffit-il pour avoir des enfants ? — Eh ! oui, cela suffit. Aussi je te défends D'accorder ce baiser à d'autres qu'à moi-même. Préférons, estimant l'amour à ce qu'il vaut, Morphée à Cupidon, aux roses les pavots... Les jours passent, puis les semaines. Nulle de tant de nuits n'amène Aux deux époux rien de nouveau. Un baiser de lèvres à lèvres, Echangé sans plaisir ni fièvre, Limitait chaque soir leurs amoureux travaux. Mais, ô prodige ! la ceinture De la petite s'élargit. Sans aucun doute en son sein gît L'espoir d'une progéniture.. Ah ! dis-moi quel gredin m'a volé ta vertu, S'exclama le mari. Pourquoi, pourquoi m'as-tu Trompé ? — Moi, vous tromper ? — Quoi, nieras-tu, traîtresse, Que cet entant n'est pas le fruit de nos caresses ? (Ai-je parlé, je crois qua non, D'un séduisant cousin dont Jacques est le nom ?) — Puis je, dit la sainte Nitouche, Savoir comment cela se fit, puisque jamais, Non, jamais, je vous le promets, Jacques ne m'a donné de baiser sur la bouche ? Charly LA BROSSl'— Les quatre points cardinaux sont le Nord, l'Est, l'Ouest... et... le P.-L.-M. Dessin de R. CHANCEL Lîqueù ordial euoc G.-A.JOURDE BORDEAUX) |