LE DÉJEUNER DU FOUQUET’S Macha Méril est à l'affiche de Feu sacré à la porte Saint Martin. Une pièce-concert signée Georges Sand et Frédéric Chopin. Vivement intéressée par la Garde des Sceaux, Macha Méril la questionne sur ses projets de femme et de mère. De son côté, Roland Dumas tente en vain, d'obtenir de son confrère, Jacques Vergès, l'histoire de sa disparition mystérieuse pendant huit ans... Michel Clerc : Toute réussite trahit une condition. Rachida Dati : Je n'ai jamais eu le sentiment de trahir quoi que ce soit, pas même mes principes, malgré ce qu'on peut écrire. Lorsque je me retrouve à travailler pour Nicolas Sarkozy, je me suis engagée pour lui. Pas pour un parti en particulier, sinon je l'aurais fait bien avant, mais vraiment pour homme et ses idées. Michel Clerc : Est-ce que vous estimez que vous avez convaincu la profession d'avocat par votre action, notarrunent la réforme de la carte judiciaire ? Rachida Dati : En ce qui concerne les avocats, j'ai découvert que c'était une profession qui n'était pas du tout homogène et qui n'était pas du tout organisée. Le barreau de Paris qui représente la moitié des avocats de France, a un comportement différent des avocats provinciaux. Je n'ai pas trouvé d'accord avec cette profession. Donc je l'ai gérée à géométrie variable. Michel Clerc : Quel jugement portez-vous sur votre action place Vendôme rétrospectivement ? Rachida Dati : Je pense que si j'avais mis plus de temps à faire mes réformes, je ne passais sur rien aujourd'hui. La carte judiciaire, je ne la passais pas aujourd'hui. Les peines planchers, j'aurais eu des difficultés dans le débat. Robert Lafont : Vous venez de dire une phrase importante : « Si j e n'avais pas fait ma réforme tout de suite, je ne serais jamais passée ». Rachid a Da ti : Aujourd'hui je ne me vois pas faire la reforme de la carte judiciaire comme je l'ai fait pour les 35 Cours d'Appel. Ça ne passe pas. Je ne poun-ais même pas fern1er un Conseil 20 - Le Magazine de Prud'hommes. Ou alors je l'aurais fait a minima. La réforme de la carte judiciaire je l'ai commencée un] 2 octobre et je l'ai terminée un 16 novembre. Je me souviens de François Fillon me disant : « Mais arrête. Arrête. Prends ton temps. » Et lorsque j'appelle le Président, il me dit « Oui il faut y aller ». Alors j'ai continué à fond. Je me prenais des codes sur la voiture, les pancartes, les panneaux. Ça faisait partie du job. Je ne me suis jamais plaint. Je ne suis jamais allée pleurer chez le Président. Jacques Vergès : Vous aviez une feuille de route et vous l'avez remplie, face à un clan extrêmement conservateur, et ce, malgré les discours gauchistes des uns et des autres. Monsieur Dumas ne contredira pas. Rachita Dati : « Je n'ai jamais été une séductrice. J'avais 21 ans. On n'est pas dans la séduction quand on a la vie que j'ai eue... on est dans la survie. Je n'ai jamais utilisé autre chose que mon travail. » Roland Dumas : J'approuve. C'est une profession très sclérosée, très conservatrice. Personne ne voulait bouger. Michel Clerc : Vous parlez des magistrats ou des avocats ? Roland Dumas : Les deux. Il y avait tme sorte de boniment. En réalité, je ne veux pas diminuer votre mérite, je trouve au contraire que vous avez conduit ça avec beaucoup de talent. Votre réforme et votre volonté de réforme est arrivée au bon moment. Quand on voyait des tribunaux dans le Sud-est ou le Sud-ouest qui jugeaient trois affaires par mois, il y avait une redistribution nécessaire des forces, mais ce sont des corps très réactifs. Rachida Dati : Et très sournois. J'ai fait de nombreux déplacements sans aucune difficulté, mais la charge est arrivée par derrière. Je trouve que c'est complètement déloyal. J'ai assumé de reprendre le dossier en main. C'est dans le statut et dans la constitution. Procureur n'est pas une profession libérale. J'ai donc exercé des prérogatives qui pendant très longtemps n'ont pas été exercées. Le procureur est là pour exécuter les décisions du Garde des Sceaux et si ce n'est pas le cas, il faut le changer. Je ne donne pas d'instructions individuelles sauf s'il y a débat ou un trouble à l'ordre public. Comme, par exemple pour le mariage annulé. Là, je donne une instruction pour qu'on fasse appel. Je pense que la grande difficulté de ce ministère est sa complexité parce qu'il y a différentes administrations, différents corps, différents statuts qui se détestent tous. Michel Clerc : C'est la guerre de tous contre tous. Pierre Péan, écrivain et journaliste d'investigation vient de publier chez Fayard sa dernière enquête : Le monde Selon K. Un pamphlet où il démystifie l'ex-Archange de Médecins du Monde, l'ex socialiste devenu le Ministre des Affaires Etrangères de Monsieur Sarkozy : Bernard Kouchner. Vergès à ses côtés est un avocat controversé, mais invulnérable et trop secret, même pour son voisin. Il joue actuellement au théâtre de la Madeleine où il interprète brillamment son propre rôle d'avocat dans le duel permanent qui oppose l'accusation et la défense. Le titre de ce génial soliloque : Seriai Plaideur. |