Dossier Monsieur, bonsoir ! », cette formule de politesse résonne dans nos petits « Madame, écrans depuis plus de 64 ans ! Le JT est en effet né le 29 juin 1949 sous l’initiative d’un certain Pierre Sabbagh qui allait lancer, avec toute son équipe, le premier sujet d’un journal télévisé alors sans présentateur : le survol de la région parisienne en ballon. Toute une histoire… Revenir sur les origines du journal télévisé français, c’est revivre toute une histoire qui nous emmène des grands pionniers des origines à la télévision du Général de Gaule des années 60 à l’arrivée des présentateurs vedettes dans les années 70, à celle de la privatisation de la décennie 80 : les prémices d’une info devenue multimédia à la révolution numérique des années 2000 et suivantes... C’est aussi se rappeler les grands artisans qu’ont été Pierre Tchernia, Roger Gicquel, Christine Ockrent, Yves Mourousi, Marie-Laure Augry, PPDA, Rachid Arhab, David Pujadas, Jean-Pierre Pernaut, Claire Chazal, Laurence Ferrari et tellement bien d’autres. D’ailleurs, un film de Jean- Claude Guidicelli produit par l’INA a revisité quelques chapitres essentiels de l’histoire du JT de sa naissance en 1949 jusqu’à aujourd’hui. De nombreux acteurs du JT et témoins racontent ainsi, au cours de ce reportage, chacun à leur manière, un fragment de l’histoire du journal télévisé. Des générations de journalistes Créé par des hommes de radio, le JT a vu passer des générations de journalistes : politiques ou spécialistes, insolents ou plus séducteurs, une vraie saga d’hommes et de femmes qui pendant plus de 60 ans ont regardé la France au fond des yeux. Mais ce genre a évolué au fil des décennies sous l’influence de quatre facteurs : des changements Pierre Tchernia, une grande figure des débuts de la télé (Photo INA). 52 - Le Magazine technologiques, une audience de masse, un souci de reconnaissance des professionnels de l’info et l’emprise des pouvoirs publics. En effet, premièrement, les nouvelles technologies ont tout changé : prises de vue et du son, nouvelles transmissions ont modifié les conditions de travail du journalisme (magnétoscopes, vidéo légères, micro-cravate, oreillette, prompteur, incrustations...). Les enjeux sociaux, politiques et financiers n’ont plus été les mêmes dès lors qu’il s’agissait de s’adresser à plusieurs millions de téléspectateurs au lieu de quelques milliers. Le journaliste a dû intégrer peu à peu les règles de l’audimat ; des règles qui sont devenues aujourd’hui le référentiel de tout J.T. et de toute chaîne qui se respecte. Tout a évolué également en raison du souci de reconnaissance professionnelle des journalistes. Ceux-ci grâce aux médias de masse, ont acquis des responsabilités sociales et politiques qui ne se sont pas forcément accompagnées d’une délimitation précise de leur niveau de responsabilité morale et de l’étendue de leurs compétences. Ces décalages peuvent d’ailleurs expliquer en partie le discrédit dont ils souffrent parfois aujourd’hui auprès des hommes politique ou du public. Enfin, les journaux télévisés ont pu souffrir de l’emprise des pouvoirs publics successifs. On a vu en effet l’organisation des J.T. évoluer soit par le désir de réforme des gouvernements successifs et des ministres concernés, soit par un désir des rédactions de se libérer du joug politique. Le petit écran à la rencontre des Français On connait mieux les dessous de l’histoire du journal télévisé français grâce à Jean Segura, historien et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet (http://jeansegura.fr). Le premier projet de journal télévisé, on le doit à Pierre Sabbagh qui en a parlé pour la première fois à Wladimir Porché qui n’a pas semblé le prendre vraiment au sérieux. Puis, après réflexion, il lui donne le feu vert avec peu de moyens techniques et financiers. Jean Ségura raconte que l’équipe en place ne dispose en tout Claire Chazal et Béatrice Schoenberg. 1er présentateur du J.T. : Pierre Sabbagh (Photo INA) et pour tout que d’une seule caméra et en plus des sujets d’actualité, nombre de bandes ont été achetées à des agences étrangères. Le journal, qui démarre à 21 heures, dure à l’époque un quart d’heure. Les commentaires sont lus d’une cabine. C’est sur l’initiative de Vital Gayman, alors directeur du journal parlé de la RTF, que Pierre Sabbagh est chargé de recruter en 1949 une équipe de quinze personnes pour fabriquer le journal trois fois par semaine d’abord, puis quotidiennement à partir d’octobre. L’équipe se forme avec des noms prestigieux : Jacques Sallebert, Georges de Caunes, Pierre Dumayet, Pierre Tchernia… De l’homme-tronc au présentateur à l’américaine Ce n’est qu’à partir de 1954 que des hommes comme Claude Villedieu, Claude Darget ou Pierre Dumayet font leur apparition par la petite lucarne. Ils sont suivis par d’autres poids lourds comme Léon Zitrone ou Maurice Séveno et parfois remplacés par Micheline Sandrel ou Danièle Breem : des femmes qui n’arriveront pas à imposer leur marque comme sauront le faire à partir des années 80-90 les Christine Ockrent et Claire Chazal. |