8 théâtre mars 2015 / N°230 la terrasse // 21h Les larmes amères de Petra von Kant de Rainer Werner Fassbinder D’après la traduction de Mathieu Bertholet avec Valeria Bruni Tedeschi Zoé Schellenberg, Kate Moran Sigrid Bouaziz, Marisa Borini mise en scène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Thierry de Peretti décor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Rudy Sabounghi costumes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Caroline de Vivaise lumière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Jean-Luc Chanonat son . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sylvain Jacques assistant à la mise en scène . . . . . . . . . . . Benjamin Charlery Phototgraphie : © Juergen Teller, Siegmund Freud’s Couch (Malgosia), London 2006 // 19h Entretien e Jean-Yves Ruf I Le Maillon / Théâtre Gérard-Philipe De Anton Tchekhov / mes Jean-Yves Ruf Les Trois Sœurs Jean-Yves Ruf met en scène Les Trois Sœurs, d’Anton Tchekhov. Une exploration des mystères du temps qui passe. Vous déclarez avoir toujours été fasciné par Les Trois Sœurs. Sur quoi repose cette fascination ? Jean-Yves Ruf : C’est difficile à dire car il s’agit d’une pièce où, finalement, il ne se passe pas grand-chose. Je crois que ce qui me captive vraiment, c’est l’ambiance très particulière qui plane entre ces trois jeunes filles sans père. Elles tiennent encore salon (un reste de salon), essaient de perpétuer les airs d’apparat qui existaient du temps de leur père. Des gens désœuvrés viennent passer leurs aprèsmidis auprès d’elles Tout cela m’a toujours intrigué et attiré à la fois. Et pourtant vous vous êtes longtemps tenu à l’écart de cette pièce… J.-Y. R. : Oui, car je pense qu’il faut avoir un rêve très fort de ce que sont ces trois sœurs, de ce que représente ce vivier, ce collectif de personnages pour s’emparer de cette pièce. Or malgré ma fascination, j’ai longtemps été envahi d’images qui ne me satisfaisaient pas. Je n’arrivais pas à me sortir d’un imaginaire centré sur trois jeunes filles doucereuses, un peu tristes et pleurnichardes. Or j’avais l’intuition que la pièce se situait ailleurs, dans un univers beaucoup plus vivant qui m’est apparu en voyant un film de la réalisatrice suisso-argentine Milagros Mumenthaler. Ce film, intitulé Trois Sœurs, a libéré quelque chose en moi. Il m’a permis de me débarrasser des clichés sur Tchekhov qui m’habitaient jusque-là. J’ai donc pu imaginer quelque chose de plus libre, de plus concret, de moins compassé. Car, avant tout, la pièce raconte qu’il faut vivre. Les personnages passent leur temps à tomber et à se relever, un peu comme des clowns. Quel a été le fil conducteur de votre travail avec les comédiens ? J.-Y. R. : J’ai travaillé plus de temps à la table que d’habitude. D’ordinaire, j’ai besoin de me rassurer en passant assez rapidement sur le Propos recueillis Le Monfort I Par le collectif Superamas Youdream Collectif sans équivalent en Europe, Superamas – groupe associé à la Maison de la Culture d’Amiens – présente une comédie pro-européenne, un drôle d’objet qui s’amuse des représentations. Youdream des Superamas. © Giannina Urmenata Ottiker Phototgraphie : © Dunnara Meas Extinction (Auslöschung) de Thomas Bernhard lu par Serge Merlin réalisation . . . . . . . . Blandine Masson et Alain Françon avec l’aimable autorisation de . . . . . . . . . . . . . . Peter Fabjan adaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Jean Torrent Le roman Extinction, traduit de l’allemand par Gilberte Lambrichs, est publié aux éditions Gallimard. Thomas Bernhard est représenté en France par L’Arche éditeur – agent théâtral. direction Frédéric Franck — « Superamas est un groupe, à majorité française, d’artistes européens qui vivent à Paris, Vienne et Angoulême. Nous venons d’horizons divers : les sciences politiques, la musique, le design industriel, la danse… et nous aimons produire selon plusieurs mediums : des livres, des sculptures, des spectacles. On doit être un peu maoïste parce que la gestion du groupe est parfaitement horizontale et que personne ne revendique d’expertise particulière, chacun met son grain de sel partout. D’une manière générale, nous sommes heureux à l’idée de traiter de choses non valorisées par notre milieu artistique. Ainsi, nous avons créé des spectacles sur la pornographie, l’économie, les sciences. L’état de l’Europe aujourd’hui Youdream est un spectacle qui se joue des représentations. S’y entrecroisent notamment des vidéos de chats sur internet, des interprétations de rêve improvisées au plateau, un vrai film projeté comme au cinéma et une scène finale s’amusant de l’artificialité au théâtre. C’est une comédie, qui exige un vrai sens du rythme. On s’y interroge sur l’état de rejoignez-nous sur facebook l’Europe via les rêves et le jeu sur les identités possibles, à la fois au théâtre et sur internet. Ce n’est plus très à la mode aujourd’hui d’être pro-européen. Nous-mêmes n’adhérons pas à l’Europe telle qu’elle se construit. Mais comme il y a beaucoup de couples binationaux parmi le collectif, que certains viennent de la danse, où les frontières existent moins qu’au théâtre, et que nous nous produisons sur tout le territoire européen, nous sommes tous europhiles. On se rend compte de l’intérêt de ce territoire. Alors, avec ce spectacle, nous parlons de nos préjugés, du regard sur l’autre, des petites formes de racisme. Le prisme du rêve nous permet de ne pas être trop directement politiques, et l’interrogation sur la forme, ainsi que le principe de la comédie, de ne pas être didactiques. » Propos recueillis par Eric Demey Le Monfort, 106 rue Brancion, 75015 Paris. Du 18 mars au 4 avril, du mardi au samedi à 20h30. Tél. 01 56 08 33 88. http://youdream.superamas.com Rejoignez-nous sur Facebook |