du 20 mars au 1er avril 2007 UNE ORESTIE AGAMEMNON, LES CHOÉPHORES, LES EUMÉNIDES D’ESCHYLE MISE EN SCÈNE JEAN-PIERRE VINCENT INTERPRÉTATION ENSEMBLE 15 DE L’ÉCOLE RÉGIONALE D’ACTEURS DE CANNES (ERAC) Direction artistique Christophe Giordano Son Marek Havlicek et Julienne Havlickova-Rochereau Lumière Dominique Fortin 01 43 74 99 61 theatredelaquarium.com Production Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes, Studio Libre, avec le soutien du Théâtre de l’Aquarium Route du Champ de Manœuvre | 75012 Paris | T 01 43 74 72 74 theatredelaquarium@wanadoo.fr | www.theatredelaquarium.com 4/Théâtre/Critiques Dissident, il va sans dire Un spectacle soigné de Laurent Hatat, sur le fil du rasoir de la vie - version Vinaver - entre intimité et travail. Avec l’envergure des comédiens Catherine Baugué et Denis Eyriey. Hélène explique à son fils Philippe qu’elle analyse statistiquement l’évolution des ventes. Bientôt, l’entreprise va s’informatiser. Voilà la raison de la perte de son emploi avec en échange, des indemnités de chômage en attendant des jours meilleurs. Cette figure féminine d’aujourd’hui tient à s’accorder quelque temps de lectures. Elle a connu le père de Philippe – qui depuis a grimpé l’échelle hiérarchique de sa société - en militant pour le socialisme, contre les privilèges et le pouvoir des patrons. Des valeurs de jeunesse trahies, selon le fils sarcastique. Encore faut-il, pour résister, ne pas être minée par une mauvaise santé, ne pas être quittée par son mari avec un ado de dix-sept ans sur les bras - sans but - qui laisse glisser sa vie entre les doigts au lieu de la saisir. Philippe rentre à l’essai en équipe de nuit aux presses de Citroën. Telle est la teneur de sa vie apparente que la mère aimerait voir s’élever spirituellement, elle qui regrette de ne plus voir lire son rejeton, lui qui prétend vouloir vivre son propre livre. Un fils charmant - l’acteur Denis Eyriey est juste -, sensible à l’attention qu’on lui porte et affectueux souvent, du moins dans la sphère vivante maternelle. Mais le cours de l’existence est autre, synonyme d’ignorance et indifférence, perçu et dépeint en visionnaire par l’écrivain Michel Vinaver à travers Dissident, il va sans dire. CRITIQUE La mère et le fils, une statuaire duelle décidément sauve La pièce (1976) révèle les conséquences irréversibles de l’informatisation sur l’emploi et ses effets dévastateurs sur la vie privée. Le foyer monoparental connaît la solitude. La mère doit remplir son rôle d’adulte face au jeune, d’autant qu’un respect vivace pour son ex s’oppose au rejet du fils. Le père est plutôt désengagé du triangle familial, préférant la liberté de sa journée professionnelle, l’espace sécurisant d’une reconnaissance non mise en doute. En guise de mémoire, des traces d’un bonheur initial - un âge Orestie-Pub-01.indd 1 7/02/07 16:11:42 Pour recevoir La Terrasse par internet, envoyez un mail à : la.terrasse@wanadoo.fr En objet : Recevoir La Terrasse Trouver un accord impossible, entre la mère (Catherine Baugué) et le fils (Denis Eyriey). d’or du couple avec l’enfant qui s’éveille - s’animent en images vidéo sur la baie transparente de l’appartement. La mise en scène de Laurent Hatat est à la fois économe et sophistiquée, rythmée de pauses et de musiques de Teddy Lasry, au cours des douze tableaux de cette relation privilégiée entre la mère et le fils, une statuaire duelle décidément sauve. Catherine Baugué, tonique mais inquiète, voudrait sauver son fils des vicissitudes du monde, ne sachant « le laisser être… » Et heureusement, elle lui parle de la beauté de la vie, toujours. Véronique Hotte Dissident, il va sans dire, de Michel Vinaver, mise en scène de Laurent Hatat, du 8 mars au 1er avril 2007, du mardi au samedi à 20h30, le 15 mars à 14 h et 20h30, dimanche à 16h au Théâtre de La Commune 2 rue Edouard-Poisson 93304 Aubervilliers Tél. 01 48 33 16 16. Texte publié à L’Arche (Vinaver Théâtre complet 3). Spectacle vu à la Maison Folie de Wazemmes (Lille) La danse de mort Charlotte Rampling, Bernard Werley et Didier Sandre, acteurs d’un trio infernal. CRITIQUE « Aimer… Haïr… L’amour, fièvre intermittente entrecoupée par des syncopes de haine. L’indifférence seule constitue l’impuissance. » Confiait August Strindberg dans la revue Gil Blas en 1895. Celui qui avouait son adoration des femmes, « ennemies délicieuses », « charmantes folles criminelles », ce misogyne existentiel crucifié par le tourment de la vie et trois divorces n’eut de cesse de mettre en scène la guerre des sexes, violente, sans remède ni pardon. Avec La Danse de mort, pièce achevée en 1900, juste après la crise mystique d’Inferno, il pousse à l’extrême le « duel des cerveaux », ce choc des forces, masculin contre féminin. Perdus sur une île glacée de la mer Baltique, enfermés dans la forteresse de leur solitude, Alice et Edgar se livrent bataille depuis 25 ans, fourbissant leurs armes dans le poison des rancœurs et des humiliations. Elle, actrice que le mariage a ravie à la promesse d’une brillante carrière, lui, arrogant capitaine, relégué dans une voie sans issue… Enchaîné dans l’enfer de cet amour haineux, le couple ranci par les années avait trouvé un équilibre, adossé à leur détestation mutuelle. D’ailleurs, ce soir, pour fêter les noces d’argent, chacun lance à son tour sa petite salve de traits perfides. L’habitude… Mais l’irruption de Kurt, cousin d’Alice et vieil ami d’Edgar, va perturber ce jeu destructeur en perçant soudain une brèche dans le huis clos. Seule la mort pourra dénouer la crise conjugale La danse de mort est une œuvre bien périlleuse. Car autant que l’impossibilité radicale du couple, cette joute enragée révèle une lutte désespérée contre l’ennui, contre le néant de la mort. « Il n’y a rien de plus blessant que de voir quelqu’un lire au fond de vous, et seuls deux époux en sont capables. (…) Ils ont un juge à leurs côtés, qui condamne dans l’œuf même toute mauvaise envie qui germe, alors que selon la loi de la société, on ne peut être tenu pour responsable de ses pensées », observait Strindberg, qui avait lu Ribot, Bernheim et Charcot. L’irascible Photo : C. Legrand |