46 (horaires, trajets domicile‐travail) ; des modes d’organisation du travail et de certaines conditions d’emplois (discrimination à l’embauche, temps partiel subi, précarité professionnelle) [11 ; 12 ; 13]. Ces effets se distribuent de façon inégale entre les groupes de population et les secteurs d’activité et certains cumulent les risques : le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), les ouvriers, les intérimaires et les jeunes peu qualifiés. La stratégie héritage de Paris 2024 prévoit d’accompagner : la création d’emplois par des programmes de formation et d’insertion des jeunes, ciblés sur les besoins suscités par l’accueil d’un tel événement ; le soutien aux entreprises locales ; le recrutement et la montée en compétence de 70 000 bénévoles et 80 000 services civiques (chiffres annoncés en phase de candidature) ; et le développement de l’économie sociale et solidaire (ESS). Le benchmark montre que les précédentes éditions olympiques ont pu créer des emplois à court terme dans les secteurs de la construction, de l’événementiel et du tourisme et que le bénévolat s’est révélé positif pour développer les compétences et le réseau personnel et professionnel des jeunes bénéficiaires. Cependant, ces opportunités semblent échapper aux populations les plus défavorisées et l’effet des Jeux à long terme sur l’emploi est plus aléatoire. L’analyse des effets sur la santé (voir figure 1, p.47) de la stratégie héritage de Paris 2024 (phase candidature) en matière d’emplois et de bénévolat conclut à des bénéfices probables pour la santé et l’amélioration de la qualité de vie des personnes qui bénéficieront de ces opportunités, en particulier dans le secteur de l’ESS. Cependant, certains risques pour la santé existent : ces offres d’emploi et ces programmes de bénévolat pourraient échapper aux jeunes peu qualifiés et aux chômeurs de longue POINT DE VUE DU PÔLE IMPACT ET HÉRITAGE PARIS 2024 « La proposition de réaliser une EIS rapide […] nous a paru très intéressante, dans la réflexion sur la mesure de l’impact des Jeux. Le benchmark des villes olympiques, qui a apporté des exemples nouveaux et innovants, les ateliers de concertation avec les experts et les recommandations opérationnelles ont été des apports particulièrement intéressants. Nous avons aussi beaucoup apprécié l’approche centrée sur la population, son contexte de vie et sa santé. Les éléments apportés par l’EIS nous ont aidés à alimenter notre stratégie. D’un côté, ils ont confirmé la démarche choisie et ont renforcé l’approche initiale, par exemple sur la promotion de l’activité physique comme facteur‐clé pour la santé des populations ; de l’autre, ils nous ont permis d’ajuster notre vision, par exemple dans le cadre du bénévolat. Ils nous ont aussi permis de définir des priorités […]. L’EIS a aussi été une bonne occasion d’associer la recherche à la situation terrain et d’avoir une approche soutenue scientifiquement […] » KMSP/Paris 2024 durée, confortant les inégalités sociales et territoriales préexistantes ; les contrats proposés pourraient induire une précarité professionnelle (contrat très court, intérim, temps partiel subi) dont les effets sont globalement négatifs sur la santé ; dans l’urgence des chantiers olympiques, les conditions d’organisation du travail et de prévention des risques professionnels pourraient être insuffisamment protectrices de la santé, en particulier parmi les sous‐traitants ; la mise à disposition de plusieurs dizaines de milliers de personnes bénévoles ou en service civique pourrait concurrencer les personnes sous contrat salarié. En collaboration avec les experts mobilisés, des recommandations ont été produites pour limiter ces effets [14]. Conclusion Le 13 septembre 2017, le CIO attribuait l’organisation des Jeux de 2024 à Paris. En avril 2018, le rapport final d’évaluation d’impact sur la santé [14] et sa synthèse ont été présentés et remis à Paris 2024, aux élu.e.s Santé et Sport de la Ville de Paris, puis aux collectivités territoriales de Seine‐Saint‐Denis. Rapport et synthèse de l’évaluation d’impact sur la santé disponibles en ligne sur : https://www.paris.fr/pages/les-jo2024-positifs-pour-la-santede-tous-les-parisien-nes-5818/ ; https://www.ors-idf. org/nos-travaux/publications/evaluation-dimpactsur-la-sante-eis-rapide.html Remerciements : Marie Barsacq, Fanny Donnarel, Joana Ungureanu, Anne Souyris, Bernard Jomier, Sophie Rigard, Claude Beaubestre. 1. Collectivités territoriales concernées par l’accueil des Jeux. 2. Observation, comparaison et analyse des pratiques. 3. 34,1% de familles monoparentales sous le seuil de pauvreté (vs. 23,9% en Île‐de‐France) ; 24,2% de jeunes déscolarisés sans emploi – not in education, employment or training (NEET) – en 2013 (contre 16,3% en Île‐de‐France) ; espérance de vie plus courte que dans le reste de la région (de l’ordre de deux ans environ chez les hommes). 4. 6,6 en 2013. |