10 leurs compétences pour évaluer le potentiel suicidaire (urgence, danger, risque‐protection) et orienter les personnes repérées vers les ressources de soins adaptées. Elle s’adresse à des professionnels de la santé ou à des psychologues formés à l’entretien clinique et aussi, en fonction des ressources et des compétences du réseau, à des professionnels du secteur médico‐social. La formation Évaluation s’articule avec les formations Sentinelles et Intervention de crise. La formation Intervention 3 [8] vise à outiller les intervenants de crise en partageant une conceptualisation de la crise en fonction d’une typologie clairement définie (crise psychiatrique, crise psychosociale, crise psychotraumatique) afin d’acquérir une expertise à l’intervention de crise. Cette formation de deux jours s’adresse essentiellement à des professionnels de santé mentale réalisant régulièrement de l’intervention de crise (unité d’hospitalisation de crise, urgences psychiatriques, psychiatrie de liaison, cellules d’urgence médico‐psychologique – CUMP, vigilanseurs, équipes mobiles, centre médico‐psychologique – CMP). Le déploiement de cette formation rénovée Le déploiement dans les différentes régions se fera en cascade selon le modèle de la formation de formateurs, avec pour objectif in fine de créer un réseau de repérage, d’évaluation et d’intervention aux compétences à la fois spécifiques et articulées entre elles. Trente formateurs nationaux, répartis de façon homogène sur le territoire, ont ainsi été formés en 2018‐2019 aux trois formations et proposent en coordination avec les agences régionale de santé (ARS) des formations de formateurs régionaux en fonction des besoins spécifiques de chaque région. Ces formateurs nationaux sont des cliniciens en santé mentale, ayant une solide expérience professionnelle de l’intervention de crise ainsi que des compétences pédagogiques et d’animation de réseau. Pour les formations Évaluation et Intervention de crise, les formateurs régionaux sont également des cliniciens en santé mentale expérimentés professionnellement (intervention de L’ESSENTIEL ÇÇ La prévention du suicide en France repose en particulier sur la formation de trois intervenants aux missions distinctes : la sentinelle, l’évaluateur du potentiel suicidaire et l’intervenant de crise. Cette stratégie prend en compte les plus récents travaux scientifiques internationaux. 30 formateurs nationaux ont été formés en 2018‐2019 et eux‐mêmes vont former les intervenants sur l’ensemble du territoire. En toile de fond, l’éthique de l’inquiétude qui implique d’aller au‐devant de l’autre en lui témoignant son souci. crise, clinique suicidologique) et pédagogiquement. La formation de formateurs est respectivement de deux jours et de quatre jours. Pour la formation Sentinelles, le formateur régional est une personne volontaire ayant des dispositions spontanées au souci de l’autre et repérée comme telle dans son milieu. Cette formation de formateurs dure deux jours. L’animation des formations se fera toujours en binôme avec au moins un clinicien. Un déploiement est prévu, mentionné par la circulaire du 10 septembre 2019 [6], auprès de : certains milieux de vie – travail, transport, milieu carcéral, milieu scolaire, etc. ; certains publics – étudiants, agriculteurs, etc. Dans ces milieux spécifiques, il nécessitera une adaptation du contenu à ces contextes particuliers en raison de la particularité des signes d’alerte et des ressources d’aide. Ceci concerne essentiellement la formation Sentinelles, car le modèle de la crise qui sous‐tend les formations Intervention de crise et Évaluation est un modèle clinique transversal. La formation des médecins généralistes présente quant à elle un contenu et une organisation particuliers. La formation des médecins généralistes Si les médecins généralistes constituent une communauté de professionnels particulièrement impliquée dans la prévention des conduites suicidaires, force est de constater qu’il est difficile de les mobiliser lors d’actions de formation dédiées. Même si aucun consensus ne se dégage dans la littérature [9], une formation paraît recommandable, qui soit fondée sur le repérage, l’évaluation et le traitement de la dépression et du risque suicidaire en soins primaires. En France, la prise en charge de la dépression se distingue, d’une part, par une proportion importante de patients souffrant de troubles dépressifs qui ne recourent pas aux soins (même si cette proportion diminue de 63% en 2005 à 39% en 2010 [10]), et d’autre part, par la place centrale des médecins généralistes qui représentent 78% du recours ambulatoire [11]. Parallèlement, la proportion de patients ayant un traitement médicamenteux prescrit par un généraliste est parmi les plus élevées en Europe (63%). La prise en charge se caractérise également par une faible proportion de traitements jugés adéquats (traitements trop brefs ne respectant pas toujours la durée minimale de six mois pour un traitement antidépresseur ou une psychothérapie [12]). Par ailleurs, si le suicide est un phénomène rare dans la patientèle du médecin généraliste (une à six tentatives de suicide annuelles et un décès tous les 4 à 7 ans [13]), il faut rappeler que 60% des suicidants ont consulté leur médecin généraliste dans le mois précédant leur acte et 36% dans la semaine ; et que 45% des personnes décédées par suicide ont consulté leur généraliste dans le mois avant leur décès [14]. La mortalité attribuable à la dépression et en particulier la mortalité par suicide est évitable, comme l’ont démontré plusieurs expériences pilotes dans le monde (Rutz [15] en Suède, Hegerl [16] en Allemagne par exemple). Divers plans de santé publique ont été proposés pour améliorer son identification diagnostique et sa prise en charge. Tous insistent sur la nécessité d’une formation des médecins généralistes et sur l’utilisation d’instruments de dépistage [17]. Cette formation doit s’appuyer sur un modèle de soins étagés et collaboratifs [18 ; 10], qui implique différents niveaux de soins (primaires, spécialisés, ambulatoires et hospitaliers) en fonction de l’intensité des troubles avec, quel que soit le niveau, une attention toute particulière portée à l’évaluation du potentiel suicidaire [19] et des pratiques collaboratives entre différents professionnels : infirmiers, généralistes, psychiatres, psychologues. |