60 ffl Face aux contraintes économiques, les habitants parcourent de longues distances pour acheter des produits frais dans les marchés populaires de Marseille. Les stratégies d’approvisionnement alimentaire d’habitants de quartiers pauvres et excentrés Ana‐Catalina Marquez, Il a été démontré chargée de mission santé qu’il est plus environnement, difficile de manger équilibré avec un Laboratoire population environnement développement petit budget, car les (LPED), UMR 151, Aix‐Marseille Université, aliments recommandés dans ce cadre, tels Hind Gaigi, chef du projet Opticourses, que les fruits, les légumes ou le poisson, Laboratoire nutrition, obésité et risque thrombotique (Nort), sont des sources de UMR 1260 Inra 1260, calories plus chères Inserm1062, Aix‐Marseille que des aliments Université, Hélène Charreire, appauvris en nutriments essentiels et/enseignant‐chercheur, département de géographie, ou riches en gras et université Paris‐Est, Lab’Urba, en sucre [1]. école d’Urbanisme de Paris, Par ailleurs, des Carole Barthélémy, études montrent que enseignant‐chercheur, l’accès à une nourriture dite « saine » Laboratoire population environnement développement (LPED), UMR 151, Aix‐Marseille serait plus difficile Université, pour les personnes Nicole Darmon, qui résident dans directrice de recherche, des quartiers défavorisés [2], principa‐ Laboratoire nutrition, obésité et risque thrombotique (Nort), lement dans les villes UMR 1260 INRA 1260, Inserm1062, Aix‐Marseille nord‐américaines et Université. australiennes. En France, les pratiques et recours à l’offre alimentaire des populations qui vivent dans des quartiers socialement défavorisés restent peu explorés. Le projet de recherche interventionnelle Opticourses 1 vise à améliorer l’équilibre des achats alimentaires de personnes vivant dans des quartiers défavorisés de Marseille (13 e, 14 e et 15 e arrondissements). Il cible : – les approvisionnements alimentaires d’habitants participant à des ateliers animés par des professionnels, où sont partagés des bons plans, des astuces et des connaissances sur l’équilibre alimentaire et les aliments sains et pas chers ; – l’offre alimentaire, en rendant disponibles, visibles et attractifs des aliments de bon rapport qualité nutritionnelle/prix dans certains magasins de ces arrondissements [3]. Mieux connaître les pratiques d’approvisionnement alimentaire des populations de ces quartiers permettrait de proposer des interventions en santé nutritionnelle plus adaptées à leurs besoins. C’est pourquoi un travail exploratoire combinant analyses géographiques et sociologiques a été mené afin de mieux comprendre comment l’offre alimentaire de certains arrondissements de la ville de Marseille est utilisée par les participants aux ateliers Opticourses. Les ateliers Opticourses réalisés entre 2012 et 2013 ont permis de recueillir des informations relatives aux achats et aux lieux d’achats alimentaires de 114 participants 2. L’étude concerne 32 d’entre eux qui ont déclaré se déplacer à pied et/ou en transport en commun pour réaliser leurs courses alimentaires 3. Recours aux commerces et marchés qui proposent des prix réduits La représentation cartographique des déplacements des participants aux ateliers Opticourses vers les commerces alimentaires montre que les hypermarchés et les discounts recensés dans les 13 e, 14 e et 15 e arrondissements sont pratiquement tous utilisés par les participants, contrairement aux supermarchés et aux supérettes. Tous les participants utilisent au moins un L’ESSENTIEL ÇÇ Nutritionnistes, géographes et sociologues ont enquêté sur les pratiques d’approvisionnement alimentaire d’habitants de quartiers défavorisés à Marseille. ÇÇ Si l’échantillon réduit de l’étude ne permet pas, à ce stade, de tirer des conclusions définitives, ces travaux révèlent la mobilité d’une population à très faibles ressources et suggèrent leur capacité à optimiser leurs faibles revenus.commerce dans leur arrondissement, et ces déplacements se font principalement en transports en commun, plutôt qu’à pied. Lors des entretiens, toutes les personnes interrogées ont précisé qu’elles fréquentent régulièrement un magasin discount de proximité, dont elles possèdent la carte de fidélité. En parallèle, nombreuses sont celles qui se déplacent aussi hors de leur arrondissement, et ces déplacements sont également réalisés en transports en commun. Deux lieux en particulier sont très fréquentés : le marché de Noailles, situé en centre‐ville de Marseille (1er arrondissement), et le marché aux Puces, situé dans le 15 e arrondissement. Cultiver le lien social Les personnes déclarent se déplacer hors de leur arrondissement de résidence principalement pour acheter des produits frais (légumes, viande, poisson) : « Oui. Ça m’arrive d’aller au Vieux‐Port, si j’ai le temps, pour acheter du poisson. » La plupart déclarent ne pas hésiter à passer du temps dans les transports en commun pour obtenir des prix plus faibles : « Je vais au marché aux Puces, parce que le week‐end, sincèrement, ils font des réductions ; on |