120 fËvtJE DES DEUX MONDES. mentaires et, depuis le 25, c'est la lutte ouverte. Le scrutin de ballottage pour les élections municipales ne marque pas, quoi qu'en disent les statistiques officielles, un grand succès pour le cartel des gauches ; sur de nombreux points du territoire il perd beaucoup de voix sur le scrutin du 11 mai 1924. Le vote du 10 mai a fait ressortir surtout la participation effective des communistes au cartel qui, en de nombreuses villes et villages, ne l'a emporté que grâce à leurs bulletins. Dans le cartel, c'est, de beaucoup, l'élément socialiste qui tire le plus de bénéfices de l'alliance avec les radicaux. A Lyon, M. Herriot est maire radical d'une municipalité socialiste et l'on sait que la situation électorale lyonnaise domine et explique les attitudes de l'ancien président du Conseil. Celte fois, son choix est fait ; il s'est mis en campagne contre M. Painlevé, son compagnon d'armes d'hier. M. Herriot, M. Blum, M. Renaudel d'un côté, avec, au besoin, l'appui de M. Cachin, et, de l'autre, M. Painlevé, M. Briand, M. Caillaux, avec, en réserve, M. Loucheur. Les projets fiscaux de M. Caillaux ont, pour les socialistes, l'inconvénient de s'inspirer des besoins de la trésorerie et de l'équilibre du budget, plutôt que des passions révolutionnaires c'est assez pour qu'ils soient vigoureusement combattus par une partie du cartel. M. Painlevé fait tête à l'orage. Dans son discours de Grenoble, il a montré, en fort bons termes, la politique actuelle dominée de haut par la situation financière, et il a indiqué les trois phases du programme fiscal que se propose de réaliser le Gouvernement. D'abord, équilibre sincère, complet, « impitoyable », du budget ; ensuite, consolidation des emprunts à court terme : « les engagements de l'État seront tenus, quoi qu'il arrive » ; enfin, assainissement définitif de la situation financière, oeuvre de longue haleine, qui ne saurait être improvisée, qui exigera des années, et pour laquelle le concours de toutes les bonnes volontés sera nécessaire. Ce sont là des vérités incontestables, ce qui n'empêchera pas le cabinet Painlevé de subir de rudes assauts. Son sort dépendra peut-être de l'opposition républicaine, qui n'aura à s'inspirer que de son patriotisme et des besoins vitaux du pays. Le Directeur-Gérant : RENF DOUMIc. RENÉ PINON. |