'71I REVUE DES DEUX MONDES. montagnes, c'est rendre l'Allemagne plus traitable et l'Internatio= nale de Moscou moins venimeuse. M. Stresemanncherche l'équilibre sur la corde raide ; il a réussi à convaincre le président Hindenburg de la nécessité de mettre un frein à son nationalisme ; le cabinet Luther a recueilli une forte majorité au Reichstag et même M. Braun, président socialiste du Conseil de Prusse, a bénéficié de l'appui du vieux maréchal et obtenu, le 8 mai, quatre voix de majorité à la Diète. Les Allemands-nationaux ne sont pas satisfaits ; M. Stresemannest obligé à la fois de ménager leur intransigeance et de ne pas éveiller les inquiétudes de l'Angleterre et de la France. Au moins sur le second point, il a tout à fait échoué : son discours du 18 a certainement froissé les Français, les Belges, les Polonais et alarmé les Anglais. Les habiletés et les ruses d'un Stresemannont quelque chose de gauche et d'enfantin : l'Allemagne ne comprendra-t-elle jamais le tort qu'elle se fait par ses roueries qui ne trompent personne et qui révèlent une mentalité qui éloigne toute velléité de rapprochement ? Montrons-le par quelques exemples : aussi bien M. Stresemanna-t-il touché toutes les grandes questions qui préoccupent les Alliés. L'Allemagne exécute le plan Dawes, et même elle s'en félicite mais nous ne payons pas parce que nous nous croyons coupables : ces payements sont le fardeau que la force des vainqueurs a imposé aux vaincus. » Rien de plus faux, rien de plus inique, qu'une telle déclaration, même si nous laissons de côté la question de culpabilité qui se retrouve toujours comme le moteur central de toute la politique allemande. M. Stresemannprésente les payements Dawes comme un abus de pouvoir du vainqueur à l'égard du vaincu ; or tout homme de bonne foi sait que l'Allemagne ne paye aucune indemnité de guerre, aucuns frais de guerre ; tout ce qu'elle doit verser n'est que la très insuffisante réparation de toutes les destructions que l'invasion a fait subir à la France et à la Belgique. Veut-on dire tout simplement que si l'Allemagne avait été victorieuse, elle n'aurait rien payé ? C'est bien inutile ; mais si l'on prétend fausser le caractère des payements Dawes, c'est absurde, c'est odieux. Une allusion au traité de Rapallo, c'est-à-dire à l'alliance avec la Russie bolchéviste, ne parait pas de meilleur goût. Le ministre des Affaires étrangères en vient à l'évacuation de Cologne ; c'est la tactique des Allemands de considérer comme insignifiants les manquements constatés par la Commission ; les retards des Alliés leur fournissent un argument dont ils abusent ; mais rira bien |