712 REVUE DES DEUX MONDES. d'autre part un hommage auquel je suis fier de m'associer. Oui, ces soldats, ces chefs, sont les vrais pacificateurs, les hommes de progrès : n'est-ce pas eux qui ont mis fin aux tyrannies sanguinaires d'un Behanzin, d'un Samory, d'un Rabah, eux qui ont délivré le Soudan de l'esclavage et du massacre, eux qui font pousser le blé, la vigne, l'olivier, le coton là ou était la lande sauvage et qui élèvent peu à peu les peuples à la vraie civilisation qui se mesure au progrès social et moral du plus grand nombre ? Les aventuriers, les exploiteurs, il y en a partout, mais c'est surtout autour d'un Abdel-Krim qu'il faut les chercher. Le Maroc, sous le, joug d'un Abdel-Krim, conseillé par Moscou et soutenu par M. Dorit, ne serait ni un lieu de délices, ni l'asile de la vertu et du désintéressement. Il y a pire peut-être que la propagande de trahison et les excitations anti-françaises des communistes, c'est la surenchère et les compromissions électorales qui poussent certains politiciens du cartel à apporter, eux aussi, un appui indirect et comme honteux aux ennemis de la France. C'est le conseil municipal de Lyon, en majorité socialiste, qui, après avoir réélu maire M. Herriot, vote un voeu réprouvant toute politique « d'expansion coloniale », comme si repousser l'attaque des tribus sauvages du Rif, c'était faire de « l'expansion coloniale ». C'est, en maints endroits, comme le Tarnet-Garonne, des voeux équivoques sur le caractère défensif que doit garder la campagne engagée au Maroc. Voi'à les gens les plus coupables, parce qu'ils connaissent les responsabilités du pouvoir et savent quel encouragement de pareilles manifestations apportent à un Abd-el-Krim à l'heure où nos soldats lui font face. On frémit de penser que toute cette grande oeuvre coloniale qui est l'honneur de la IIIe République et la dernière réserve de notre grandeur, comme l'avait prévu Prévost-Paradol, - pourrait s'effondrer en quelques jours par un caprice du suffrage universel trompé, égaré par des ambitieux sans vergogne et des idéologues sans responsabilité. Avant même d'être interpellé à la Chambre, M. Painlevé a fait justice, dans son discours de Grenoble (21 mai), de ces inexcusables compromissions, et rendu hommage à nos soldats. « J'admire vraiment la facilité avec laquelle certains critiques chagrins, — je ne parle pas d'égarés criminels, — tranchent sans en rien connaître les questions les plus délicates, et exercent à l'avance leur vigoureuse faculté de blâme... Il ne s'agit point là d'expansion coloniale. Nous ne convoitons pas un pouce carré de territoire au delà des limites que nous assigne le traité. Il s'agit de |