JEAN-JACQUES ROUSSEAU ET LAS DRAMES DE L'ERMiTAGE S'ils abusent et trompent sur mon compte les générations suivantes, que m'importe encore ? Je n'y serai plus pour etre victime de leur erreur. JEAN-JACQUES ROUSSEAU, Dialogues.) Lorsqu'au printemps 1756, Jean-Jacques Rousseau laissa Mme d'Épinay l'installer à l'Ermitage, pouvait-il prévoir qu'il allait compromettre non seulement le calme de son existence actuelle, mais encore jusqu'à la sécurité des vingt années qui lui restaient à vivre ? Et, lorsqu'un peu plus tard, il se plaignait de payer trop cher les quelques mois passés dans la retraite heureuse, préparée par les soins d'une amie, se figurait-il le prix écrasant qu'il ne cessa plus, dès lors, de payer ? Il l'envisagea peut-être, lorsque, à des années de distance, il écrivit dans les Confessions, en parlant du séjour à l'Ermitage : « Cette époque de ma vie ayant eu sur la suite une influence qui s'étendra jusqu'à mon dernier jour. » S'il avait obéi à son désir intime de retourner demeurer à Genève ou dans quelque asile éloigné de ses soi-disant amis philosophes, le cours de cette vie errante et douloureuse eût été probablement tout autre : Jean-Jacques n'eût pas donné une prise aussi facile à leurs attaques et à leurs calomnies ; il ne se fût pas mis pour ainsi dire entre leurs mains. Et sans doute, l'image de Rousseau, telle que se la représente aujourd'hui le grand public, serait totalement différente., |