642 REVUE DES DEUX MONDES., III L'opposition violente de Karakhan contre les Puissances fut encore manifestée par un incident très significatif. Après avoir présenté au Président de la République chinoise ses lettres de créance comme ambassadeur, le représentant des Soviets, qui était seul à posséder ce titre lui conférant une prééminence sur les ministres des autres Puissances, exprima aussitôt sa volonté de rentrer en possession de l'ancienne résidence de la Russie, dans le quartier des Légations. Il faut rappeler, à ce sujet, que, depuis le traité de 1901, l'ancienne rue des Légations est devenue le quartier des Légations. Dans ce quartier qui a son administration propre et sa police, les étrangers règlent eux-mêmes leurs différends au moyen des tribunaux consulaires, formant une autorité judiciaire spéciale. Tout cet ensemble jouit du droit d'exterritorialité, sous le nom commun de Corps diplomatique. Le plus ancien des ministres étrangers le dirige, préside les séances, et le représente lors des réceptions officielles. Le premier acte de l'ambassadeur des Soviets ayant été de demander que lui fût remis l'immeuble de la légation russe, le ministre des Affaires étrangères appuya sa requête. C'est ici que se place l'incident de la clef, qui mit aux prises le nouveau venu avec les représentants des Puissances. En réponse à sa demande, le doyen du corps diplomatique accrédité adressa à M. Karakhan la note suivante : « Le Z ef août 1924, le doyen du Corps diplomatique présenta à ses collègues la note que vous lui avez adressée le 31 juillet, et les informa que, d'après votre déclaration, le Gouvernement des Soviets se considère comme cosignataire du traité de 1901, signé par l'Empire russe avec la Chine. Du moment que le Gouvernement des Soviets prend cette attitude en demandant à succéder au Gouvernement du Tsar, dans ses droits et, par conséquent, aussi dans ses obligations, conformément au statut du quartier des Légations, les Puissances signataires ont décidé de vous rendre l'immeuble, et ont remis la clef au chargé d'affaires de Hollande, qui vous en fera la remise en leur nom Comme vous avez insinué, dans la conversation mentionnée ci-dessus, que le Gouvernement des Soviets se réserve le droit |