630 REVUE DES DEUX MONDES. de moitié, la République chinoise demeure encore, parmi les grandes contrées du monde, l'une des plus vastes et (les plus peuplées. En y comprenant la Mandchourie, sa superficie est d'environ 4 900 000 kilomètres carrés, avec une population évaluée à 400 millions d'habitants. Dans cet immense territoire, l'élément toujours dominant est la puissance militaire, qui représente une véritable féodalité, dans laquelle des factions rivales se disputent âprement le pouvoir. Pour le Nord, cette puissance est actuellement concentrée entre les mains de deux maréchaux : Tchang-So-Lin, gouverneur de la Mandchourie qu'il administre avec fermeté, sous l'oeil sympathique du Japon et le regard hostile de Moscou, et le maréchal Feng-Yu-Hsiang, dont les troupes occupent la capitale et qui, en fait, est le maître de l'heure, depuis que, par trahison, il a écarté de la scène le maître d'hier, Ou-Lei-Fou. Ces chefs, jaloux l'un de l'autre, ont fait cependant, par nécessité, leur rapprochement pour soutenir le Gouvernement de Pékin que préside le maréchal Tuan-Chi-Jui. Ce dernier a pu, jusqu'à présent, maintenir un ordre relatif et réorganiser l'administration en s'appuyant sur la force militaire que lui donnent ses deux partisans, dans la mesure et pour le temps où leurs ambitions personnelles s'accordent avec cette politique d'opportunisme. Les grandes Puissances ont également secondé très efficacement son autorité. En face de cette féodalité militaire, qui gouverne dans la Chine du Nord et règne à Pékin, se dresse aujourd'hui une autre Chine, celle du Sud, établie souverainement à Canton où, sous le couvert d'une agitation nationaliste contre les interventions étrangères, elle cherche en réalité à conquérir le pouvoir par des moyens révolutionnaires. Ce mouvement, s'appuyant à la fois sur la classe ouvrière et la jeunesse universitaire, s'étend maintenant dans les autres grands centres, tels que Shanghaï, Hongkong, lientsin, etc., où se trouvent également d'importantes agglomérations industrielles. Le fameux agitateur, Sun-Yat-Sen, qui fut le chef du grand parti politique chinois connu sous le nom de Kouoming-tang, a été le promoteur de cette organisation nationaliste, jusqu'au moment où sa mort, en février dernier, est venue écarter momentanément la menace du Sud contre le Nord, avec Pékin comme objectif. |