584 Jamais ? Jamais ! REVUE DES DEUX MONDES. VALÉRIA. LIVIO. (Ils se prennent les mains et crient : « Jamais, jamais », font une ronde en riant comme des enfants, jusqu'à ce qu'ils tombent, épuisés, assis sur l'herbe.) VALÉRIA. Oh 1 que la vie est douce 1 Que Dieu la glorifie sans cesse !... LIVIO. Oui, c'est toi, « petit rien », qui donnes à la vie sa douceur. (Silence.) VALÉRIA, avec un grand sérieux. Ne crois-tu pas, comme moi, que ce soit un signe des dieux que de n'avoir pas besoin d'être raisonnables ? LIVIO. Si, sans doute. VALÉRIA. N'est-ce pas, quand j'essaye de raisonner... (souriant). Tu es bien d'accord que je ne sais pas encore ? LIVIO. C'est ta plus grande force. VALÉRIA Mais j'ai appris à fermer les yeux pour mieux voir. Quand je ferme les yeux ainsi, comme maintenant, je vois... LIVIO. Et que voit-il, ce petit bonhomme ? VALÉRIA. Je te vois, toi, et tu me sembles la récompense de la vie. LIVIO. Mais bien sûr ! VALÉRIA. Mais qu'ai-je fait pour te mériter ? LIVIO. Toi ? Exister 1... Vis, et regarde, les yeux mi-clos, ce qui n'existe pas. (Silence.) Écoute, il semble que l'air chante, ce matin. |