516 REVUE DES DEUX MONDES : tamisée, nuancée à l'infini par la transparente mosaïque des verrières. Elles sont malheureusement trop nombreuses, ces églises à demi abandonnées qui ont survécu à de grands monastères et dont les fenêtres furent dévastées par les ouragans ou les révolutions on les a closes par des vitres incolores, ; la magnificence de leur structure étonne et ravit encore les esprits qui sont sensibles à la beauté d'une parfaite architecture, mais ce ne sont plus que des squelettes. Si l'on veut que revive la cathédrale de Reims, il faudra bien rendre à ses pierres blanches la parure de nacre et de gemmes dont la décorait le rayonnement des verrières. Ces vitraux de couleur, il serait périlleux d'en abandonner les sujets et la composition à la fantaisie des donateurs, car des âmes généreuses voudront exprimer leur dévotion ou leur reconnaissance en décorant la cathédrale d'une verrière de leur choix. Pour parer au danger, un programme général est indispensable. M. Deneux y a songé. Il voudrait forcer les peintres verriers à s'inspirer des vitraux anciens, pour créer non des pastiches, comme on l'a fait depuis un siècle dans la plupart des églises, mais des ouvrages qui ne rompent point l'unité spirituelle et monumentale de l'édifice. Les verrières représentaient, dans la nef, des rois de France et au-dessous des archevêques de Reims ; dans l'abside, des apôtres ou des évangélistes et audessous des évêques suffragants de la métropole : que cette disposition générale soit respectée, et que rien non plus ne soit changé dans les dimensions des bordures qui encadrent chaque image. Ce sera dans le dessin des figures et des ornements que l'artiste moderne aura licence de donner carrière à son imagination, de révéler son tempérament. Programme admirable ; mais, parmi nos peintres, où sont-ils, ceux qui, doués de quelque invention, se plieront à une pareille discipline ? L'esprit des vieux maitres d'oeuvre revit en notre architecte ; souhaitons à nos artistes la docilité des peintres-verriers du xIIIe siècle. On va bientôt entreprendre la réfection de la grande rose de la façade occidenta ! e et de la galerie, dite galerie des Rois, qui, au-dessous de la rose, occupe toute la largeur de la nef. Ici rien à conjecturer, rien à interpréter. M. Paul Simon, descendant d'une famille rémoise de peintres-verriers, qui, depuis le XVIIe siècle, veille sur les vitraux de la cathédrale, avait, en 1908, rétabli ceux de la grande rose. Son ouvrage ter- |