5'4 REVUE DES DEUX MONDES. dans le bas côté du nord, ne convenait ni à la solennité des offices, ni au nombre des fidèles. D'autre part, la nef avait, moins que le reste de l'église, souffert des bombardements ; les réparations y étaient donc plus faciles quo dans le Iran ptt et dans l'abside. L'architecte pensa qu'avant d'aborder la partie la plus scabreuse de sa tâche, il fallait que son équipe d'ouvriers prit pleine confiance en lui et en elle-même : enhardie par le succès des travaux de la nef, elle exécuterait avec plus d'assurance la reprise de la croisée du transept. Les voûtes de la nef qui avaient été ébranlées, disjointes ou trouées, ont été réparées. Partout où l'on a pu le faire, on a employé les anciennes pierres. Déjà, la plupart des hautes fenêtres sont vitrées. La couverture provisoire en tôle ondulée a été maintenue au-dessus de la nef principale, tandis qu'on refaisait les voûtes ; mais sur les bas-côtés, il était indispensable de reconstituer tout de suite la couverture. Dès lors, il fallait prendre un parti et décider de quelle matière seraient faites les nouvelles charpentes de Reims. Les fermes de bois qui soutiennent les combles des vieux édifices et y forment de si admirables « forêts », furent toujours l'aliment des incendies. Le fer a l'inconvénient de se dilater. Pour fabriquer ces pièces de charpente, on se sert donc maintenant de béton armé, coulé sur place ; mais M. Deneux a conçu un système nouveau qui combine et assemble de petits éléments de ciment armé, système qu'il a déjà employé à Reims pour la réparation de l'église Saint- Jacques, et grâce auquel on obtient une charpente démontable, légère et incombustible. Quant à la toiture, elle est faite de tables de plomb, comme celle de la vieille cathédrale. Les plombs du moyen âge qui avaient été fondus par l'incendie, et où s'étaient amalgamés toute sorte de débris et de matériaux, ont été refondus et ainsi débarrassés de leurs scories ; ils ont servi à la couverture des bas-côtés. On nous pardonnera d'entrer ici dans ces détails techniques : rien ne saurait mieux montrer avec quelle ingéniosité et quels scrupules, est conduit ce grand travail de résurrection. En s'effondrant, la couverture des bas-côtés avait laissé apparaître les restes d'une puissante corniche soutenue par des crochets gothiques et portant des traces du grand incendie qui, à la fin du xve siècle, avait, une première fois, à demi ruiné Notre |