300 REVUE DES DEUX MONDES. a valu à l'Afrique des siècles de prospérité et de grandeur, comme elle n'en a jamais connu depuis. Ai-je besoin d'ajouter qu'il y a autant d'inégalité que de diversité entre ces jeunes auteurs, et aussi que, chez plusieurs d'entre eux, il y a encore bien de l'inexpérience et de l'incertitude ? Tous nous apportent les plus belles promesses. Ne doutons point qu'elles ne soient tenues brillamment dans un avenir plus ou moins rapproché. Quoi qu'il en soit, il se trouve, d'ores et déjà, parmi les collaborateurs de Notre Afrique, au moins trois noms de romanciers, qui s'imposent à l'attention du public lettré et qui, j'en suis sùr, ne feront désormais que grandir. Ils sont d'ailleurs connus, appréciés ou admirés aussi bien en France qu'en Algérie. Je ne veux pas nie donner l'apparence ridicule de les découvrir. Je tiens seulement à saluer en eux des écrivains, dont je suis fier de me dire le confrère : ce sont MM. Louis Lecoq, Charles Hagel et Robert Randau, celui-ci, qui est leur aîné et le maître d'une véritable génération littéraire, le chef de choeur de la jeune Algérie, des Algérianistes, pour reprendre un mot créé par lui et qui est représentatif de toute une doctrine. ** Jusqu'ici, Louis Lecoq et Charles Hagel ont écrit en collaboration. Nous devons à cette union féconde un recueil de nouvelles qui est intitulé : Broumitche et le Kabyle, un roman de moeurs et d'aventures : l'Empire du monde, et enfin un récit mi-fantastique, mi-satirique, un horrifiant pamphlet de la guerre qui s'appelle Sid Ghorab surcorbeau. Disons tout de suite que ce dernier livre déconcerte souvent le lecteur moyen autant par une accumulation d'horreurs un peu fatigantes et rebutantes que par une affectation de symbolisme confus. J'avoue que je n'arrive pas bien à démêler ce que signifie Sid Gliorab, ni non plus, dans Broumitche et le Kabyle, la longue nouvelle qui s'appelle : la Levée des morts. On ne voit pas nettement, on devine mal où veulent en venir les deux auteurs. Et l'on discerne aussi, peut-être un peu trop, dans ces nouvelles et ces romans, les influences françaises ou même étrangères qui ont agi sur eux. On y voudrait aussi une langue plus sûre, plus traditionnelle, même dans ses audaces et ses innovations. |