278 REVUE DES DEUX MONDES. Toute une organisation tarifaire est créée ; on traite à l'entreprise pour un certain nombre de services que l'insuffisance numérique du personnel titulaire ne permet pas d'assurer directement (manutentions dans les gares, entretien des voies, etc.). Quant à la question monétaire, elle va, elle aussi, retenir l'attention de la Régie. Son directeur général a l'idée d'émetira des bons gagés sur la valeur des transports et payables en services aux guichets de la Régie. Autorisation est donnée à la Régie d'émettre jusqu'à concurrence de 65 millions de francs des bons de valeurs diverses (100 fr., 50 fr., 20 fr., 10 fr., 5 fr., 2 fr., 1 fr., 0 fr. 50, 0 fr. 25, 0 fr. 15, 0 fr. 05), qui ont valeur libératrice pour tous les usagers. Cette nouvelle monnaie rencontre immédiatement un plein succès parmi les populations, heureuses de trouver ainsi une monnaie stable, leur facilitant leurs transactions et les mettant à l'abri d'une dévalorisation constante de leur avoir. Les cheminots français avaient répondu avec enthousiasme à l'appel du pays ; ils commencèrent bientôt, et naturellement, à regarder d'un oeil d'envie le foyer lointain, privés qu'ils étaient de tous les leurs. Comme l'écrit l'ingénieur en chef Soulez, « n'avaient-ils pas le droit de considérer qu'ils avaient accompli tout leur devoir et qu'ils pouvaient demander leur retour, laissant à de nouveaux venus le soin de terminer la tâche qu'ils avaient si vaillamment commencée ? » Il y avait là un grave danger ; car une expérience de trois mois avait familiarisé ces cheminots avec les chemins de fer rhénans. Éventualité regrettable que d'avoir à recommencer l'instruction professionnelle de nouveaux venus au marnent même où les besoins de la Régie ne cessaient de s'accroît re. L'administration supérieure de la Régie s'efforce donc de loger les agents qui demandent à faire venir auprès d'eux leur famille. Les cheminots sont démilitarisés et rendus à la vie civile ; des indemnités supplémentaires leur sont allouées ; des congés supplémentaires sont accordés. Les administrations des réseaux français s'efforcent de garder le contact avec leur personnel ; elles facilitent l'acheminement des correspondances qui leur sont destinées. Bref, tout est mis en oeuvre pour maintenir le moral des agents. La Régie franco-belge surmonte donc peu à peu toutes les difficultés. Le Reich s'en rend compte ; aussi son ministre des |