456 REVUE DES DEUX MONDES. Il est clair que la position du chauffeur est commandée une fois pour toutes et ne varietur par le constructeur et dépend de la façon dont celui ci a placé le volant de direction. Dans les premiers temps et jusqu'à ces toutes dernières années, nos constructeurs plaçaient. invariablement le volant à droite. Puis, peu à peu, le contraire a eu lieu et aujourd'hui la très grande majorité des autos françaises a la conduite à gauche. Certains constructeurs ne font plus, en aucun cas, la conduite à droite et d'autres ne la réalisent pour certaines voitures qu'à la demande formelle du client. Il existe pourtant encore quelques tenants irréductibles de la conduite à droite. On remarque qu'ils se recrutent à peu près exclusivement parmi les anciens automobilistes. 11 est tout naturel qu'ayant fait leurs premières armes sur des autos pourvues de conduite à droite, ils aient quelque répugnance à changer leur habitude. Il en est ainsi de tout laudator tempolis acti. Quant aux arguments invoqués aujourd'hui en faveur de la conduite à droite, je me permets de les trouver faibles. Le meilleur, le plus important est que, lorsqu'un conducteur est placé sur le côté droit du véhicule, il peut plus facilement et plus exactement ranger celui-ci, soit en marche, soit pour le stationnement le long du trottoir que son regard surplombe directement. Au contraire, le conducteur placé à gauche ne voit pas, au moment d'y arriver, le bord du trottoir de droite le long duquel il se range. Il est obligé de faire cette opération un peu « à vue de nez » ; mais, en fait, il arrive très vite, par l'habitude, à la réaliser avec précision. Il y a d'ailleurs un grand intérêt, pour que le restant. de la chaussée soit bien dégagé, à ce que les véhicules, stationnant sur le côté d'une rue, soient aussi près que possible du trottoir. Leur distance à celui-ci ne doit pas, d'après les règlements de police, dépasser 20 centimètres. Mais il est clair par ailleurs que la conduite à gauche des autos doit présenter des avantages très supérieurs, puisque l'expérience, qui est, — même en mécanique, — la source unique de la vérité, a amené maintenant les constructeurs et usagers à l'adopter presque unanimement. Parmi ces avantages dont les chauffeurs ont tous vaguement conscience, et qui ont été plus ou moins explicitement formulés, le plus important provient de ceci : lorsque deux autos se croisent, leur vitesse relative est égale à la somme de leurs vitesses réelles ; au contraire, si elles se dépassent, leur vitesse relative est égale à la différence de leurs vitesses réelles. Par exemple, si, conduisant une |