54 REVUE DES DEUX MONDES. ment rimées sur les « embarras de Paris », trouverait assurément, s'il revenait parmi nous, qu'ils étaient au grand siècle de la petite bière à côté de ce que nous voyons aujourd'hui. Je voudrais, aussi brièvement que possible, examiner les causes et les symptômes de cet état de choses. Je voudrais surtout indiquer quels remèdes depuis un temps ont surgi, qui apparaissent de nature à l'amender. La question intéresse non seulement les usagers de tous les véhicules, mais aussi les pauvres piétons qui, pour n'être pas du même côté de la barricade que les automobilistes, n'en sont pas moins exposés à périr sur elle. Après avoir naguère (1) examiné l'anatomie et la physiologie de l'auto, il ne paraîtra peut-être pas inutile que nous observions aujourd'hui les problèmes qu'elle pose à ceux qui ont la charge de la police citadine et de la vie des citoyens. Tout justement les Américains viennent de publier la statistique des constructions automobiles réalisées dans l'univers entier dans l'année 1924. Les seuls États-Unis (avec le Canada) ont produit en 1924, 3 millions et 261 000 automobiles à passagers contre 356000 en 191, et 375 000 camions contre 22 000 en 1912. Bref, la production totale a à peu près décuplé depuis une douzaine d'années. La production européenne a également suivi une marche rapidement croissante, bien qu'elle n'atteigne pas, et même de loin, celle de l'Amérique. La France, qui arrive en tête de la production européenne, a fabriqué, en 1924, environ 170 000 autos ; la Grande-Bretagne 97 80Q ; l'Italie et la Belgique 25 000 ; l'Allemagne 20 000. Si nous considérons non plus le nombre des autos fabriquées, en 1924, mais celui des autos en circulation cette année là, les chiffres établis sont peut-être plus impressionnants encore. Il y avait l'an passé 21 millions et 360 000 autos en circulation dans le monde. Dans ce total, les seuls États-Unis entrent pour 17 millions et 726 000. L'Europe y entre pour un peu plus de 2 millions de véhicules, dont 573 000 en France, 778 000 en Grande-Bretagne, qui sont les deux pays du monde les mieux pourvus à cet égard, après les États-Unis. Mais on voit que nous marchons loin derrière ceux-ci. Le jour où il y aura en France proportionnellement.à la population autant d'automobiles qu'il y en a maintenant aux États-Unis, ce jour-là il y aura chez nous au moins dix fois plus d'autos qu'aujourd'hui. Ces chiffres sont ; s) Voyez dans la Revue du février 1924, l'Automobile et son évolution. |