PORTRAiTS CO\TE6IPOItAINS ÉMILE BOUTROUX « Pascal, raconte Boutroux, avant d'écrire, se mettait à genoux, et priait l'Etre infini de se soumettre tout ce qui était en lui... Il semble, ajoute-t-il, que celui qui veut connaître un si haut et si rare génie, dans son essence véritable, doive suivre une méthode analogue..., et chercher, dans un docile abandon à l'influence de Pascal lui-même, la grâce inspiratrice qui seule peut donner à nos efforts la direction et l'efficace. » C'est de même dans un sentiment voisin de la piété qu'il convient d'aborder la pensée et la vie de Boutroux, piété non pas diminuée, mais fortifiée, ce qui est à noter, par le souvenir des rapports de maitre à élève, de la familiarité, sans banalité, de l'accueil, et de l'intimité généreusement ouverte de sa maison et de son esprit. Nous n'aurons d'ailleurs qu'à plier nous aussi nos efforts à sa direction. Il nous a dit lui-même, en effet, comment il entendait qu'on étudiât un philosophe : « se pénétrer de plus en plus de sa pensée, en lisant et relisant un grand nombre de fois l'ensemble de ses ouvrages, se replacer à son point de vue, chercher avec lui, le suivre dans les détours de ses méditations, partager ses émotions philosophiques, jouir avec lui de l'harmonie dans laquelle s'est reposée son intelligence. » Et il disait encore qu'il faut exposer les doctrines selon l'esprit et, jusqu'à un certain point, dans le style de celui qui les a conçues. Nous ne craindrons donc pas de le laisser parler lui-même, et de lui demander, dans la mesure du possible, d'ètre son propre interprète. |