366 REVUE DES DEUX MONDES. que vous soyez heureuse et que votre mère ne travaille plus. Mais, mademoiselle... - Ne dites rien à personne, pas même à votre mère ni à votre soeur aînée. Elle a hésité pendant quelques secondes, mais au fond cela lui parait bien naturel, puisque tout le monde en fait autant au nom des grands principes. — Et quand ? - Cet après-midi, Daria Ivanovna ira voir son amie Mme Popoff à trois heures ; elle me l'a dit : venez à cette heurelà, je serai seule ici. - Je viendrai et j'apporterai un panier à linge. Ah 1 pourvu qu'on réussisse ! ** Nous avons mis le petit sac de voyage bien fermé au fond du panier et nous avons cherché partout. Dacha a emporté une lourde charge, personne n'a rien vu ; je l'ai accompagnée jusqu'à la porte du jardin ; puis, très rapidement, j'ai ouvert la fenêtre de la chambre de Daria Ivanovna, j'ai mis le lit, les armoires en désordre et j'ai quitté la maison. Je suis allée chez les Tarnovsky. Contrairement à ce que je supposais, Daria Ivanovna a porté plainte à la Tchéka. Elle ne me soupçonne pas. - Je sais bien, m'a-t-elle dit, que toutes ces richesses sont perdues, puisque, si on les trouve, on les confisquera ; mais je veux que le voleur soit puni. Ainsi, dans son âme comme dans la mienne, le sentiment de la vengeance criait plus fort que le désir de la vie. Au fond de son âme, elle comptait sur Timochka, elle espérait sans doute que si on découvrait les trésors, elle les partagerait avec lui et tout serait fini. Mais Dacha les avait bien cachés. ** Chez la mère de Dacha... Les têtes des enfants penchées sur les soleils des diamants, des mains fiévreuses qui touchent les bijoux. Dacha se dispute avec sa soeur. - Cette montre, c'est pour mon fiancé..., — Non, c'est pour le mien., J'aime cette broche. |