330 REVUE DES DEUX MONDES. autre créanciervis-à-vis duquel ils auraient à s'acquitter en cinq années comme ils eussent dû le faire envers le Trésor. Les propriétaires de valeurs mobilières ne seraient pas dans une situation meilleure. Ils devraient vendre le cinquième de leurs titres, ou. chercher à emprunter la somme correspondante. Qui ne voit le désarroi dans lequel serait le marché financier en face de milliards d'offres qui ne trouveraient pas de contrepartie ? A quelles conditions se négocieraient ces emprunts, aujourd'hui où le taux officiel des avances à la Banque de France est de 8 pour 100 ? D'ailleurs, le paiement au moyen de titres d'État étant admis, le Trésor recevrait des bons et obligations de la Défense nationale, des rentes françaises, des obligations du Crédit national et fort peu de numéraire. Dès lors il ne rembourserait pas la Banque de France et celle-ci ne pourrait pas faire d'avances au Crédit foncier. Le fonds de commerce n'a guère pour l'exploitant qu'une valeur nominale, qui ne devient effective qu'au jour où il le vend : comment le - négociant aurait-il le moyen de payer 20 pour 100 sur un actif semblable ? Le projet accorde une exemption de 5 000 francs pour les meubles meublants. Cette somme serait infiniment trop faible, notamment pour les familles nombreuses, qui auraient à payer 200 francs sur chaque millier de francs dont la valeur de leur mobilier dépasserait 5000 francs. Quelle situation serait faite au nu-propriétaire, à l'usufruitier d'immeubles ou de titres ? Imposerait-on à l'usufruitier l'obligation de laisser vendre ou hypothéquer par le nu-propriétaire les biens dont il a la jouissance ? De tous côtés apparaissent les difficultés inextricables dans lesquelles se débattraient ceux qui, serrant la question de près, essaieraient de résoudre les mille problèmes que fait naître le prélèvement sur le capital dont rêvent les utopistes. V On oublie que l'impôt sur le capital existe déjà sous des formes multiples, souvent vexatoires et excessives, mais qu'une longue accoutumance avait rendues tolérables, aussi longtemps que les tarifs n'en étaient pas devenus équivalents à une confiscation. Peut-on ne pas qualifier d'impôt sur le capital les |