36 REVUE DES DEUX MONDES. durée du service militaire était alors théoriquement de cinq ans dans l'armée active et de quatre ans dans la réserve. Le rappel sous les drapeaux des hommes de la deuxième portion du contingent, qui n'accomplissaient que quelques mois de service, et l'appel des quatre classes de la réserve, suffisaient largement à l'armée active pour se mobiliser. Il y avait intérêt à ce que chacun reprit sa place dans l'unité même où il avait été instruit ; il y retrouvait ses chefs, ses camarades ; il y reprenait ses habitudes. Cette façon d'opérer assurait à la troupe un maximum d'homogénéité. La loi du 15 juillet 1889, tout en réduisant le service à trois ans, mais en le rendant égal pour tous, en supprimant le volontariat et la dispense complète de tout service en temps de paix, nous fournit des effectifs supérieurs à ceux que nous avait donnés la loi de 1872. Avec eux, on put maintenir le même système. 11 n'en est plus de même avec le service de dix-huit mois. Dans les unités de l'active mobilisées, le noyau d'hommes du contingent restant sera insignifiant. Il n'est donc plus possible de conserver le principe sur lequel repose encore toute notre organisation militaire : il a vécu. Il faut lui en substituer un autre. Lequel ? » Dans la recherche de ce nouveau système, les théoriciens du service d'un an oublieront, volontairement ou non, qu'à la guerre le succès appartient, non pas aux masses les plus considérables, mais aux troupes les plus solides, les plus homogènes, les plus manoeuvrières ; ils n'auront souci que d'amener sur le champ de bataille l'armée la plus nombreuse possible, sans se préoccuper de sa qualité. Et ils arriveront à cette formule : u Le sytème d'organisation de notre armée doit nous permettre de créer, à la mobilisation, le plus grand nombre d'unités possible, ce nombre n'étant fonction que de nos effectifs. Cette opération n'est réalisable que si on adopte le principe de ne plus s'occuper de faire coïncider, ni pour les soldats de l'active, ni pour les réservistes, l'unité de mobilisation avec l'unité d'instruction. » C'est ce qu'on appelle, d'une expression qui a fait fortune, la séparation de l'unité de mobilisation de l'unité d'instruction, séparation qu'il serait question de poursuivre jusque dans les casernements. Si l'on en croyait ceux qui préconisent cette séparation, elle aurait l'avantage de décharger les unités d'instruction de tout travail de mobilisation ; elle leur permettrait ainsi de se consa- |