BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE La liretatlno d'hier. — L'Enchantement breton, par M. André Chevrillon, 1 vol. in-16 ; Plon-Nourrit. Tous ceux qui ont, autrefois, séjourné en Bretagne, retrouveront dans ces pages attachantes, qui ont d'abord paru ici même, l'enchantement qu'ils ont subi dans l'intimité de cette douce terre de Cornouaille, — si différente du Léon si ras, si sombre, si pluvieux, — et pourtant toujours si bretonne. L'influence moderne qu'étend sur le monde la civilisation rationaliste et utilitaire, si elle a pénétré çà et là, ne prévaut pas contre la nature et le caractère même. Sous des survivances archaïques, ils défendent contre cette invasion le secret mystère du pays kymrique etsamerveilleuse beauté. Lescampagnes bretonnes garderont toujours la singulière qualité indigène. Quels que soient les changements des idées et des moeurs, elles assurent la durée de la Bretagne. « Mais.'dans ses profondes retraites, la Bretagne d'hier ignorait le changement. Le flux n'y passait point, qui entrains le monde et si vite, aujourd'hui, défait tout ce que nous aimions. C était le pays du temps enchanté. Watteau et son école, par M. Edmond Pilon, deuxième édition revue et corrigée, 1 vol. in-8 avec illustrations ; G. Van Oest, Paris et Bruxelles. Après une longue période d'indifférenee et d'éclipse, l'art du grand et lumineux peintre de la Régence trop ignoré de son siècle, en qui on ne vit pendant longtemps qu'un rêveur aimable et spirituel dans le charme poétique de ses fantaisies champêtres et galantes et la vivacité simple et libre de ses incomparables dessins, cet art immatériel, incomparable dans son originalité, a retrouvé de nos jours une faveur et une célébrité qui n'ont cessé de grandir. Après Ingres, Delacroix en France, Reynolds,l.awrence, Turner, Bonington, James, en Angleterre, les Goncourt, Paul Mantz, Dargenty, les regrettés Virgile Josz, de Fourcaud, MM. Mauctair, Séailles et Louis Gillet commentent et pénètrent Watteau au travers des multiples manifestations de son génie. En étudiant Watteau, son influence, ses élèves et son école, et, dans le cercle de Watteau, Gillot son précurseur, Pater et Lancret, ses disciples, M. Edmond Pilon a retracé avec beaucoup de savoir, d'élégance et d'agrément, ce mouvement d'art qui prolonge bien au delà de la Régence et du xvins siècle. jusqu'à nous peut-être, son retentissement et son intluence. Dans ma nuit, par Mn,'B. Galeron de Calonne,1 vol. in-16. Editions Les Gémeaux. Un livre poignant écrit par une femme qui est à la fois aveugle et sourde, un livre de vers, plein de talent. ; 1 ! - Galeron de Calonne avait été saluée et encouragée par VIctorllugo, plus tard, elle eut d'autres éloges  : ceux de Pierre Loti, de S. Mallarmé, de Carmen Sylve et de tant d'autres. Malgré sa surdité, l'auteur forge des vers souples, forts, harmonieux. Cet ouvrage est la 3 édition, considérablement augmentée, d'un recueil célèbre ; Rapprend, comme le dit M. Charles Le Goffic dans une émouvante préface, » non pas à ne pas désespérer », ce qui s'apprend un peu partout, mais Ii vivre avec son mal sans le haïr. Beaucoup d'énres souffrantes inconsolables trouveront à la lecture de ce recueil un réconfort et un exemple. La Vie amoureuse de l'imps ratr'irn Joséphine, par Gérard d'Houville, in-16 ; E. Flammarion. Dans cet aimable et séduisant récit, où se joue autour de l'Histoire la fantaisie d'un poète, avec toute sa grime élégante, sa finesse d'esprit et le sens le plus subtil de la psychologie féminine, Gérard d'Ilouville a cherché à faire revivre laplus coquette, la plus fastueuse des impératrices avec ses humaines faiblesses et sou don de plaire. En un por- Irait qui semble naturel sous le fard, qui enchante avec simplieuté. elle ressuscite indolemment dans sa froideur, douce, enfantine, bonne, ondoyante, généreuse, maternelle et toujours captivante dans sa capricieuse élégance. « Ce coeur d'une femme, écrit l'auteur de l'Inconstante, est à la fois fantaisiste et traditionnel comme la nature. » Et c'est pourquoi il est bien difficile de démêler l'origine, la suite, l'exactitude de ses amours. C'est ici toute la vie, sentimentale plus qu'amoureuse, de la créole à l'étrange destinée, depuis la jeunesse sous le ciel des tropiques, les souvenirs de son enfance à la Martinique, aux Trois-flots jusqu'à la Malmaison  : premier et dernier chapitre d'une destinée, qui sont, peut-être, dans leur poésie attendrie, les pages les plus exquises. Ernest Seiliii're, historien du mysticisme i ()mantique, par M.J.-M.-L. Loudeau, 1 vol. in-16 ; Emile-Paul. Ce livre, après ceux de MM. Estève, Gillouin, et quelques autres, est une nouvelle synthèse de l'oeuvre historique et philosophique de notre collaborateur. Celle-ci est entreprise au point de vue strictement catholique et menée à bonne lin d'une main sûre  : elle contribuera à répandre davantage des vues dont la salubrité morale est incontestable, et qui sont de nature à orienter utilement les esprits réfléchis dans le dédale des événements ou des partis contemporains. Une ample bibliographie des nombreux articles, publiés çà et là par M. Seillière, ou consacrés à l'ensemble de son œuvre, est jointe à cet essai critique. Il se clôt par un choix d'appréciations autorisées et très propres à mettre en relief des aspects divers de la pensée qui est l'objet de cette étude. La Grande guerre des corsaires. Dunkerque(1702-1815, par M. Henri Malo, 2 vol. in-16 ; Emile-Paul. Après avoir, dans les Corsaires, mémoires et documents inédits, retracé les conditions générales de la guerre de Course à la fin du xvm siècle et sous le Premier Empire, en prenant comme base le port de Boulogne, et dans un deuxième ouvrage  : les Corsaires dunkerquois et..Iean Bari, étudié le détail de l'histoire de la Course dans notre grand port du Nord, depuis ses origines les plus reculées, jusqu'à la mort de Jean Bart, M. Henri Malo, dans le premier volume do cette nouvelle série (1702-1715). reprend la. suite de son récit au moment même où s'ouvre la guerre de la Succession d'Espagne. Louis XIV n'a plus de marine et il lui faut lutter contre les deux grandes Puissances maritimes du monde, l'Angleterre et la Hollande. Jamais la Course n'aura été autant favorisée : jamais elle ne donnera d'aussi brillants résultats Le deuxième volume (1715- 1815) contient la fin de l'histoire des corsaires dunkerquois. Il embrasse la période comprise 1 entre les traités d'Utrecht et ceux de Vienne.