236 REVUE DES DEUX MONDES. étaient confiés à MM. Laurent Eynac, seul membre de l'ancien cabinet qui survive dans le nouveau, Daniélou, Ossola, Yvon Delbos, a e Georges Bonnet, Jammy Schmidt. Le 21, le cabinet Painlevé prit contact avec les Chambres. La déclaration ministérielle, tout en proclamant que le nouveau ministère suit la même ligne politique que l'ancien, fait en réalité, à l'opposition sénatoriale, des concessions méritoires. M. Painlevé parait convaincu que les graves difficultés que traverse le pays ne peuvent être résolues que par le concours de toutes les bonnes volontés. Sécurité, équilibre financier : tels sont les deux problèmes devant lesquels tous les autres s'effacent ; « à la double et lourde tâche qui s'impose ainsi à nous, nous convions à collaborer tous Ies citoyens de France chez qui le sentiment national parle plus haut que les passions de partis ou les intérêts particuliers. » La politique extérieure, étroitement fidèle à toutes les alliances, développera les trois termes, sécurité, arbitrage, désarmement, du protocole de Genève, « première ébauche d'un grand pacte international de paix ». Les termes de la déclaration indiquent une tendance que précisent la personnalité de M. Briand et son rôle à la Société des nations où il a représenté la France avec beaucoup d'autorité et groupé autour de lui les petits États. Sur la réforme militaire, aucune précision, mais la déclaration, ne faisant pas allusion aux projets mal venus du général Nollet, fait présager que la réadaptation nécessaire de l'organisation militaire à la situation intérieure et extérieure d'après la guerre sera préparée sur de nouvelles assises, en collaboration plus étroite avec l'état-major de l'armée et le Conseil supérieur de la guerre. Pour les finances, aucune précision prématurée, si ce n'est la promesse d'un budget en équilibre ; M. Caillaux veut se réserver le temps d'étudier la situation et de préparer ses projets, mais il n'a pas caché qu'il rejette tout prélèvement sur le capital. Iei encore, un appel à la concorde. Et pour donner un gage de cet esprit de concorde, M. Painlevé annonce qu'un « représentant hautement qualifié » sera maintenu auprès du Vatican. « Tous les membres du Gouvernement, quelles que soient leurs convictions doctrinales, ont été d'accord pour vous demander, au nom de l'intérêt général, de ne pas rouvrir une controverse inopportune et dommageable au crédit public. » Demander à une majorité passionnée de se déjuger à quelques semaines d'intervalle sur une question qui réveille tant, de pole,- iniques, c'est un fait rare dans les annales parlementaires. Puisse la question, en elle-même si simple, de l'ambassade de France |