214 REVUE DES DEUX MONDES. Lille, de Mulhouse, d'Amérique : ils sont exécutés, instantanément et les balles soumises au pressage sont embarquées sur le prochain bateau. Étant donné l'ampleur des transactions et l'attrait de la spéculation inévitable, on ne s'étonnera pas que des fortunes s'édifient et s'effondrent avec la même facilité. Cependant le succès prédomine, et c'est ce qui explique la richesse proverbiale des exportateurs alexandrins. Voici des chiffres qui donneront une idée de l'importance du négoce. Dans les cinq dernières années, le total des importations se monte à 294 millions de livres, soit 26 milliards de notre monnaie, et les exportations à 303 millions de livres égyptiennes (plus de 27 milliards). Ce mouvement exceptionnel pour un pays sans industrie a laissé en 1923 un excédent sur la balance commerciale de plus de 9 millions et demi de livres égyptiennes (un milliard de francs). Cette année, le mouvement commercial dépasse les prévisions les plus optimistes. Il accuse 65 millions de livres égyptiennes, aux importations et 50 millionsL. E. aux exportations, soit en faveur de l'Égypte 15 millionsL. E. d'excédent, près d'un milliard et demi au cours actuel du franc ! et pour les deux dernières années 28 millionsL. E. Quel est le pays qui peut aligner une balance commerciale aussi brillante ? Le coton a naturellement les honneurs de la statistique. I1 la remplit presque à lui seul. Veut-on savoir la place que nous occupons sur laliste des clients de l'Égypte ? Voici cette énumération. Aux importations : Angleterre, 14,7 millionsL. E. ; Italie, 4,2 millions ; France, 3,8 ; Allemagne, 2,6. Aux exportations : Angleterre, 26,3 ; États-Unis, 7,2 ; France, 6,6 ; Italie, 3,6. Ainsi, nous venons aux premiers rangs de ceux qui commercent avec l'Égypte, mais nous lui achetons plus que nous ne lui vendons, tandis que c'est le contraire pour l'Italie. La situation doit être rétablie à notre avantage. L'importation en France des cotons de la vallée du Nil progresse régulièrement, et elle constitue une part de plus en plus importante des exportations égyptiennes. De 17 781 tonnes en 1921, elles sont passées à 42 993 en 1923. Nos filateurs ont consommé l'an dernier, pour 6,5 millions de livres, soit 28 p.100 de la valeur totale des achats britanniques. Enfin, dans la dernière campagne, nos achats ont dépassé de 36 000 balles ceux de l'année précédente. Nous nous affirmons ainsi comme l'un des meilleurs acheteurs de Minet-el-Bassal. Une visite à ce marché est chose bien |