204. H'.:Vi1F. DES DEUX MONDES. et il est question de l'assecher coInplètement, ce qui permettra, grâce à l'approfondissement des drains régionaux, d'améliorer la culture dans toute la région avoisinant Alexandrie. Un second travail s'exécute dans la centrale Gharbieh, où de fortes pompes sont également installées pour pomper l'eau des drains et la rejeter dans le lac Bourlos qui communique lui-même avec la mer. Quand seront terminés les grands ouvrages de déversement des eaux du Nil, on devra tenir prêtes à fonctionner des pompes à grand débit pour empêcher le Delta d'être envahi par la masse d'eau nouvelle. *** En résumé, il s'est produit en Égypte une révolution agricole par suite de deux événements concomitants ; l'adoption de l'irrigation pérenne, et l'implantation du cotonnier. Depuis lors, tout le génie des hommes s'est appliqué à tirer le meilleur parti de la pérennité des eaux, en vue de l'extension de la culture du coton. Ce problème de l'utilisation du Nil s'est posé depuis les temps les plus reculés. Les anciens Égyptiens avaient vainement essayé de percer le mystère des sources du fleuve. Toutes les expéditions qui avaient été envoyées pour les découvrir, avaient échoué dans leur mission ; les plus récentes avaient été arrêtées au pied des monts d'Abyssinie, qui divisent le Nil Bleu en une infinité de cascades, ou devant les marais interminables du Bar-el-Gazal, lesquels absorbent comme une éponge les eaux du Nil Blanc. Les sujets des pharaons mettaient au compte de la munificence divine l'étrange crue périodique du Fleuve. Peut-on dès lors s'étonner que tant de temples colossaux dressent, le long de ses berges, l'élan de leurs colonnes papyriformes, ou la silhouette de leurs pylones massifs ? que la barque sacrée ait été choisie comme symbole du passage des âmes dans le royaume d'Osiris ? que le crocodile, enfin, cet hôte inquiétant des vases fertiles, ait été luimême divinisé, qu'une ville ait été placée sous la protection de son emblème, et qu'au sein du temple de Kom-Ombo, au coude le plus impressionnant du Haut-Nil, des momies de crocodiles aient attesté le pieux respect du fellah pour tout ce qui tient au secret des pulsations du dieu Nil ? Aujourd'hui encore, toute la population égyptienne reste troublée quand on lui parle (le toucher aux sources perdues d'où |