144 REVUE DES DEUX MONDES. les facilités de tout genre données aux consultations externes des hôpitaux pour ces traitements, l'effort des accoucheurs pour dépister et traiter la syphilis héréditaire, ont enrayé les progrès de la maladie et diminué notablement sa fréquence. On peut prévoir sa diminution progressive. Elle a commencé ; elle va s'accentuer. Noue ne reverrons plus jamais les terribles épidémies mutilant des populations entières, comme au moment des guerres d'Italie au XVle siècle, lors de la grande extension du mal, dit mal napolitain par les Français, mal français par les Italiens. La lutte contre la tuberculose a paru longtemps infiniment plus difficile. Là, pas de médicament souverain analogue à ce que sont, dans la syphilis, le mercure, l'iode, le bismuth, l'arsenic. Pendant longtemps, il a fallu se borner à mettre les sujets atteints en bonnes conditions de résistance, grâce au repos, à l'alimentation, à l'aération. La prophylaxie, nulle autrefois, s'est précisée quand Villemin a démontré expérimentalement la contagiosité du mal (1864) et quand Koch a appris à déceler le bacille dans les sécrétions morbides (1882). Elle se réduit toutefois à séparer le mari de sa femme, les enfants de leurs parents ; et pourtant, par ces moyens simples et par quelques progrès thérapeutiques tels que le pneumothorax artificiel et la phrénicotomie, la fréquence du mal diminue, et plus encore sa mortalité tombée à Paris, de 44 pour 1000 en 1890 à 24 en 1921. Toutefois, ces palliatifs restent bien insuffisants et la tuberculose est encore la grande meurtrière des enfants et des adultes ; la méningite tuberculeuse est la maladie la plus désespérante par la nullité des moyens à lui opposer ; la tuberculose pulmonaire, les diverses tuberculoses osseuses ne sont curables que quelquefois, et au prix de séjours prolongés et coùteux dans des stations appropriées ; les familles se ruinent sans toujours sauver leurs malades. Mais voici qu'un grand espoir nous vient. Calmette a leu modifier assez le bacille tuberculeux, par cultures successives sur milieux biliés, pour que ce bacille ait perdu son pouvoir nocif, tout en conservant son pouvoir vaccinant. L'ingestion de petites doses de tels bacilles, répétée à trois reprises par des nourrissons élevés par des mères atteintes de tuberculose contagieuse, s'est montrée efficace pour les mettre à l'abri de la contagion maternelle. Si cet heureux résultat se confirme, |