110 REVUE DES DEUX MONDES. Le gouvernement du Roi ne sait que faire, tiraillé entre la France et la Prusse. Je suis certain de le détacher complètement de la Prusse, à laquelle il déclarera que, le but de la guerre étant atteint, il se retire de la lutte aux conditions suivantes. Je vous demande de les lui faire obtenir comme préliminaires de paix. 1° Remise directe de Vérone à l'Italie en signant l'armistice. 2° Promesse du Tyrol italien (qui est fort peu de chose), à l'Italie, comme rectification de la frontière vénitienne. La limite serait entre Trente, laissé à l'Italie, et Bolzano, laissé à l'Autriche. 30 Plébiscite dans la Vénétie et le Tyrol italien J'obtiendrai de l'Italie une indemnité en argent pour le Tyrol. L'Italie veut votre alliance ; elle subit les Prussiens, mais elle veut les ménager, si vous l'abandonnez. Le gouvernement ici veut se jeter dans vos bras, s'il a des conditions avantageuses pour l'opinion italienne, qu'il est prêt à dominer alors. Le gouvernement prussien promet beaucoup plus à l'Italie, si elle veut faire échouer l'armistice. C'est très grave. Si Votre Majesté accepte le projet du côté de l'Italie, l'armistice et la paix sont faits. Vous pouvez absolument compter sur le pays même, si vous avez des projets avenir. Si je ne reçois pas d'ordre de Votre Majesté pour partir demain, je ferai, en tout cas, partir M. de Malaret, qui exposera les propositions italiennes verbalement et avec détail. Je prie Votre Majesté de me répondre au moins une ligne, pour me dire sa première impression et quelle doit être ici mon attitude à l'égard de ce qu'on nous propose. NAPOLÉON (JÉRÔME). JOURNAL. —Jeudi 26 juillet, Ferrare. Les affaires sont bien embrouillées. C'est de plus en plus fort. Chaque trois ou quatre heures, la situation change. La Prusse lâche un peu l'Italie et la met dans une situation difficile. Le Roi est un peu souffrant, érésipèle au bras droit ; je crois à un petit coup de sang. C'est lui qui a le sens le plus droit. La chaleur est insupportable, 36 b. 38 degrés. |