106 REVUE DES DEUX MONDES. attendre Ricasoli quelques heures. C'est absurde. A la réception de la dépêche directe de l'Empereur, je l'ai montrée au Roi qui, tout en déplorant cette situation difficile, pense qu'il faut attendre demain matin pour expédier les ordres. J'ai dit que j'étais très mécontent de cet ajournément de douze heures, que je protestais et que je ferais connaître cette situation à l'Empereur. J'écris officiellement au ministre des Affaires étrangères pour le rendre responsable des heures perdues à attendre Ricasoli. Tout sera sans doute arrangé demain, mais je suis très mécontent. NAPOLÉON (JÉRÔME. Le ministre des Affaires étrangères d'Italie au prince Napoléon Monseigneur, Ferrare, le 22 juillet. Je remercie Votre Altesse Impériale de la communication qu'Elle a bien voulu me donner d'un télégramme de Paris annonçant que la Prusse a accepté les propositions de l'Empereur et qu'elle a consenti à suspendre les hostilités pendant cinq jours. Dans le désir, que je partage de grand coeur, de faire cesser l'effusion du sang, Votre Altesse Impériale demande que le Roi donne également ordre à ses troupes de faire cesser les hostilités. Je dois faire remarquer à Votre Altesse Impériale que l'Italie se trouve vis-à-vis de l'Autriche dans une position tout à fait spéciale. La Prusse a accordé à son adversaire, par égard pour Sa Majesté l'Empereur des Français, une trêve de cinq jours, qui a pour but exclusif de donner à l'Autriche le temps d'accepter ou de refuser tout un programme de préliminaires de paix, Mais rien de semblable n'a existé et n'existe entre l'Italie et l'Autriche. Aucune discussion régulière n'a eu lieu entre l'Autriche et nous. Le gouvernement autrichien continue, même dans les circonstances actuelles, à ne pas vouloir reconnaître l'Italie et une trêve de cinq jours n'aurait aucun but, puisque c'est avec la France et non avec l'Autriche que le gouvernement du Roi discute les bases de l'armistice et de la paix. Pour parvenir au but que Votre Altesse se propose, il fau- |