92 REVUE DES DEUX MONDES. traiter avec le roi d'Italie et le général Lebœuf ne fera rien sans s'être entendu avec toi. Mais je veux que seul il soit chargé de la réception des forteresses d'Italie. Dis-moi promptement quelle est ta décision. Crois à ma sincère amitié. NAPOLÉON. Le prince Napoléon s'empressa d'annoncer à son beau-père la mission dont il venait d'être chargé. Le prince Napoléon au roi d'Italie Paris, le 9 juillet 1866. Par dévouement bien grand, j'ai accepté à l'instant mission de l'Empereur auprès de vous. Le Roi ne peut être plus triste et mécontent que moi. Mais je vois si grand danger dans tout cce qui se passe que j'ai oublié beaucoup pour service de la France et de l'Italie. L'important, c'est que vous ayez Vérone et vous l'aurez avant huit jours. Tout bien préparé pour la remise de Vérone sans rien qui puisse vous mécontenter. Pars demain. Dans circonstances graves, permettez-moi de vous rappeler qu'il faut voir le but, le bien de son pays et mépriser difficultés de détail. Vous allez enfin être roi d'un pays complètement émancipé. Avant trois jours, serai auprès de Sa Majesté par Turin et r - ilan. NAPOLÉON (JÉRÔME). Le départ du prince fut retardé de toute évidence on n'obtiendrait rien de l'Italie avant d'avoir une réponse ferme de la Prusse. On attendait donc le résultat de la mission de Benedetti, qui aussitôt après avoir reçu ses instructions, était parti pour le grand quartier général prussien. Il le rejoignit à Zwittau, dans la nuit du 11 au 12 juillet. A l'improviste, sans se faire annoncer, il se rendit chez Bismarck. Le premier ministre, qui eût préféré ne pas le voir,— il l'a reconnu depuis, écrivait, à sa table, entre une chandelle et un révolver. Il fut surpris de cette visite. La conversation s'engagea, dura une partie de la nuit, se continua, dans le jour, devant le roi Guillaume. Finalement, ce dernier accepta de proposer une suspension d'armes de trois jours, à des conditions militaires telles que l'Autriche riposta par des contre-propositions, jugées |