90 REVUE DES DEUX MONDES. Si tu veux venir à 10 heures et demie, nous causerons de tout cela. Crois à ma sincère amitié. NAPOLLON. La réponse du roi d'Italie laissait fort à désirer. Victor- Emmanuel protestait contre la forme de cession proposée par l'Autriche. Pourquoi donner la Vénétie à la France et pas directement à l'Italie ? En outre, la sécurité des frontières n'exigeait-elle pas l'annexion du Tyrol italien ? En formulant ces revendications, le Roi n'était pas sans inquiétude sur le mécontentement de l'Empereur. Il télégraphia au prince Napoléon, pour lui demander ce que son cousin en pensait. Le prince lui répondit immédiatement que l'impression était assez fâcheuse : Napoléon III, froissé du refus de recevoir la Vénétie de ses mains, parlait de la rendre à l'Autriche ; l'Italie n'avait qu'un parti à prendre : se hâter d'avoir un succès. Le Roi renvoya une autre dépêche, atténuant la précédente. Malgré tout, on piétinait. L'armistice ne se signait pas, et pendant ce temps, la Prusse continuait à avancer. L'Empereur craignait de voir échouer la médiation au succès de laquelle il tenait fortement. Aussi résolut-il d'agir à la fois sur les deux souverains. Le 9 juillet, il demanda au prince Napoléon de se rendre en Italie, pour décider le Roi à signer l'armistice. Le prince accepta. Les instructions que, par ordre de l'Empereur, le ministre des Affaires étrangères lui remit, résument les conversations tenues à ce sujet par les deux cousins. Instruction de l'Empereur pour son Altesse Impériale le prince Napoléon Paris, le 9 juillet 1866. Le prince Napoléon exposera nettement au Roi d'Italie la position dans laquelle se trouve l'Empereur, telle que son Altesse a pu la connaître d'après ses derniers entretiens avec Sa Majesté. Il demandera au Roi de conclure, dans le plus bref délai, avec l'Autriche, un armistice de la durée de celui qui aura été consenti par la Prusse, sous la condition déjà acceptée par le |