UN PIAIIIAGE D'ARISTOCIiATES SOUS LA TERREUR Un des plus beaux hôtels de Valognes, « ce petit Versailles » qu'illustrent de si nobles demeures dont les jardins furent des parcs, dont les vastes cours sont dessinées pour « la commodité magnifique » des grands carrosses Louis X[V, est l'hôtel Sivard de Beaulieu. C'était, sous Louis XVI, un chàteau situé aux portes de la ville, c'est aujourd'hui un hôtel dans la ville même. Il dresse encore, devant un jardin considérablement réduit, sa façade régulière, son avant-corps décoré du fronton classique, ses larges pavillons, l'ample développament de ses toits, ses oeils-de-boeuf et ses cheminées de pierre. Sivard de Beaulieu ! Aux habitants du pays, aux chercheurs qui ont compulsé à Paris les dossiers du tribu nal révolutionnaire, les papiers bleuâtres et rêches de Fouquier-Tinville, ce nom rappelle une tragique histoire. Une relation composée vers 1820 par le fils de la jeune femme qui y joua le principal rôle, permet d'en revivre les moindres détails. Relation extraordinaire, parfois invraisemblable, qui a tout l'attrait d'un roman d'aventures, et qu'on serait tenté de regarder comme tel, si l'auteur ne l'avait écrite avec une simplicité qui impose la confiance, si elle n'était confirmée, en plus d'un point, par les papiers du Comité de surveillance de Valognes et ceux du Comité de salut public. Ce sont des « Souvenirs de famille » inspirés par une mère à son fils, écrits au courant de la plume pour être lus dans l'intimité. Madame la comtesse de Quincey, arrière-petitenièce de celle qui en est l'héroïne, M. de Mondésir, son arrière-petit-fils ont bien voulu me confier les manuscrits, qui leur appartiennent. |