714 REVUE DES DEUX MONDES. : accueillie comme neuve. Peut-être avais-je eû tort d'avoir raison trop tôt, ou peut-être ai-je tort à présent de croire que je n'avais pas complètement raison. C'est ce que j'essaierai d'éclaircir en parlant de l'électoriie. Dans le même sens, me haussant à une formule plus générale, j'avais prôné également « l'organisation de la démocratie ». D'Italie, où l'on éprouvait les mêmes maux que nous sans trouver plus que nous les remèdes, on m'a arrêté d'un seul mot : cette organisation estelle possible ? Peut-on vraiment organiser ce qui ne supporte pas d'être hiérarchisé ? Je confesse aujourd'hui mes doutes. D'autre part, à défaut de la réforme qui, réalisable, mériterait nos préférences, on n'aperçoit pas le dictateur, et l'on ne doit pas oublier que les révolutions ne se font pas par les hommes d'ordre. Alors ? Nous sommes très sérieusement malades. Mais, avertis du péril, ne désespérons pas. Les nations ne meurent pas sans se débattre, et l'Écriture nous enseigne que « Dieu les a faites guérissables ». Autant dire que notre chance suprême est en un miracle ! Je le dis. Pourquoi non ? Nous en avons vu d'autres, et de plus grands, dans notre histoire. Ce qu'on nomme le miracle, dans l'histoire, n'est que l'action inopinée de forces et d'hommes qui se révèlent. Mais c'est à nous d'en être les premiers artisans et de veiller, tout prêts à répondre à l'appel. Avant tout, après tout, et à travers tout, il faut vivre. CHARLES BENOlST. |