BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE Histoirede la Nation française, T. XV. Histoire des Sciences en France, 2- vol. Histoire des Sciences biolo- giques, par N. Maurice Caullery. — His- toire de la Philosophie, par M. René Lote, 1 v. in-4 avec illustrations ; Plon. La science est un des principaux facteurs de l'histoire générale, quoique son action ne soit que très indirecte. C'est à ce titre que l'histoire des sciences biologiques et l'histoire de la philosophie ce rattachent à l'histoire de la nation française. Dans ces conditions, on devait prendre la France comme centre d'observation et rattacher le mouvement scientifique qui s'y est déroulé à la marche générale de la science. C'est ce qu'ont fait de la manière la plus heureuse, MM. Maurice Caullery et René Lote pour la biologie et la philosophie, en montrant quelle part importante de l'oeuvre commune la France peut revendiquer dans le développement des sciences et que beaucoup des inventions et des idées novatrices d'une grande portée sont d'origine française ; qu'en un mot l'histoire de la science et de la pensée françaises est une partie glorieuse de l'histoire de France. Le Puits de Jacob, par M. Pierre Benoit, 1 vol. in-16 ; Albin Michel. Après la Chdtelaine du Liban, M. Pierre Benoit a rapporté de Syrie ce roman juif, très différent de ceux qu'il a publiés jusqu'ici, mais qui, sur un sujet déjà traité par d'autres et qu'il a su renouveler, avec la même ingéniosité, la méme verve, sous l'invention toujours habile du récit, nous donne le fruit de son observation. C'est la vie aventureuse d'une fille d'Israél, Agar Mosés, qui, à peine sortie d'un misérable ghetto de Constantinople, exploite sa jeunesse et sa beauté, joue et danse dans les cafés-concerts pour le plaisir de riches débauchés, habitués de tous les mauvais lieux, jusqu'au jour où ; entratnée en Palestine par son nouvel amant, Isaac Cochbas, l'un des dévoués missionnaires du royaume ressuscité de Sion, la danseuse de Cailla, sous son inspiration, retrempe au contact de la terre promise, son âme, restée juive, chose incroyable, immuable et seulement obnubilée sous la débauche et, après bien. des aventures, ramenée au Puits de Jacob, retrouve le calme et la paix du coeur avec le pardon. Ames et décors romanesques, par M Gabriel Faure, 1 v. in-16 ; Fasquelle. Ce volume fait suite et se rattache aux Paysages littéraires et aux Paysages passionnés, — cette dernière expression qui répond si bien aux descriptions de la nature parles écrivains modernes,—ainsi que jugeait Jules Lemaitre,après avoir lu le premier recueil publié sous ce dernier titre. L'auteur, écrivait-il, transforme les objets selon l'état de son lime ; il n'en décrit que l'idée qu'il s'en est faite ; en phrases frémissantes et courtes, il exprime, à propos d'un paysage historique ou naturel, le souvenir, le regret, le désir, la l oie ou l'enthousiasme qu'il portait en lui, orsqu'il prit contact avec ce paysage et sur lequelensuite ce paysage a réagi ; mals, en somme toujours et uniquement, sa propre sensibilité. Appelons cela des paysagesppatsionnés. v A ces études littéraires M. Gattriel Faure a ajouté quelques morceaux d'une inspiration toute personnelle où l'on goûtera la sensibilité et le charme accoutumés. Combats et batailles sur mer, par Claude Farrère et Paul Check, 1 vol. in-18 ; Ernest Flammarion. Écrit par deux marins, qui joignent, à l'autorité que confèrent le commandement et la science technique, un extraordinaire pouvoir d'évocation, cet admirable chapitre de la Grande Guerreuii des plus émouvants qu'on puisse lire, rend présents non seulement à l'imagination, mais aux yeux mémes, ces formidables combats sur mer, où se montre au paroxysme toute la grandeur humaine  : courage et patriotisme, force et abnégation. Historiens toujours exacts et impartiaux, doutes, incertitudes et résolutions, calculs des chefs d'escadres ennemies, conceptions opposées de la guerre navale, rien n'échappe à ces merveilleux observateurs Claude Farrère et Paul Check ; ils sont les confidents des pensées les plus secrètes, les scrutateurs des âmes. Leur récit attache comme le plus merveilleux des poèmes ; on tourne, jusqu'à la fin, les pages avec un frémissement contagieux et une attention passionnante qui ne vous quittent pas après les avoir fermées. Ronsard et son temps, par M. Pierre Champion, i vol. in-4 ; Libr. H. Champion, Pour bien faire connaître Ronsard, il fallait, avant tout, rattacher le poète à son temps, faire une large part au milieu où il vécut ; il fallait donner une vue d'ensemble sur ce seizième siècle, époque d'art unique, mais remplie du choc des idées et des controverses. Et, conformément à ce programme l'auteur de l'Histoire poétique du quinzième siècle trace un tableau historique où la figure du poète, qui exprime vraiment une révolution dans les idées et clans le goût au temps de Henri 11 et qui domine vraiment son art, les choses, et son temps, revit dans la véritable chronique qu'il a écrite de son époque tourmentée. Pour cette oeuvre d'érudition, M. Pierre Champion ne s'est pas contenté de dépouiller archives et documents. Il s'est inspiré de tous les beaux travaux de ses devanciers. Le point de vue historique a fait recueillir à l'auteur les versions des éditions originales ; il a collationné les textes dans nos grandes bibliothèques. Ce travail, qui a été considérable, forme la base de cette étude. La cité secrète, par Hugh Walpole, traduit de l'anglais par Hentsch et J. Mùller-Bergalonne, 1 vol. in-16 ; Perrin. Ce qui fait la valeur et l'intérét particulier la raison d'être et l'originalité de ce récit, qui a paru naguère ici méme, c'est qu'il nous donne les impressions d'un grand romancier d'outre-Manche, qui a observé la psychologie russe avec des yeux anglais, et dont l'observation, dans le milieu soviétique où il a vécu sait toujours demeurer anglaise. C'est la révolution russe vue dans une famille et rendue avec un art très sûr et des péripéties dramatiques. L'intrigue est à la fois souple et forte, les individus y sont représentatifs. Il a connu Vera Michaïlovna, Nina, Alexis Petrovitch, Henry Bohun, Jerry et les autres, quelques-uns intimement ; et, si étrange, si invraisemblable, que cela paraisse, on sent que tout s'est passé ainsi qu'il le dit, et qu'il a été, en quelque sorte, contraint d'écrire, sous le coup de l'é motion ressentie, ces pages où tout est terriblement angoissant dans l'affreuse réalité.