956 REVUE DES DEUX MONDES. en 1924. L'attitude des autorités locales a obligé les Polonais à entreprendre, chez eux, la construction d'un excellent port plus au Nord, à Gdynia ; quand il sera achevé, avec les voies d'accès nécessaires, Dantzig déclinera et sera mal venu à se plaindre. A Varsovie, M. Skrzynski s'est déclaré pleinement rassuré par ses entretiens avec M. Chamberlain et M. Ilerriot. A Prague, M. Benès, avec beaucoup de force et d'à propos, a affirmé qu'il ne pouvait être question de revenir sur les clauses des traités qui établissent l'indépendance de l'Autriche et obligent l'Allemagne à la respecter. A Rome, M. Mussolini proclame que, dans l'état actuel de l'Europe, il est opportun de cultiver les vertus militaires. Il suffirait qu'à Paris, et surtout à Londres, les Gouvernements affirmassent qu'il n'y a pas de question des frontières polonaises pour que s'apaisât comme par enchantement l'agitation savamment entretenue par la propagande allemande. Pour nous, ce n'est pas seulement une question d'honnêteté vis-à-vis de nos alliés continentaux, c'est aussi une question de sécurité. L'amitié anglaise est précieuse à la France, mais la sécurité française est avant tout un problème continental. La politique allemande, aidée par certaines complicités britanniques, tend à isoler la France en Europe, à la séparer de ses alliés naturels, les nations issues de sa pensée libératrice avant de l'être de ses armes victorieuses. Si la France résiste, on la taxera d'impérialisme, de militarisme ; si elle cède, elle est perdue, ou bien elle est à la merci de la protection exigeante de l'Angleterre. Nous connaissons les difficultés que rencontre chez lui M. Chamberlain, dont la loyauté n'est pas en cause ; mais c'est prêter main forte à ses bonnes intentions quee.e résister fermement sur le terrain de la paix et de la stabilité continentales. Rien ne serait plus pernicieux pour la France qu'une sécurité en trompe-l'oeil, qui aurait l'air garantie par l'Angleterre sous certaines conditions et qui en réalité paralyserait notre activité diplomatique, endormirait notre vigilance militaire. Les réalités déborderont toujours les formules juridiques et les cadres contractuels ; les « rapports de masses », comme dit M. Lucien Romier, c'est-à-dire la croissance plus rapide de la population de certains pays tels que l'Allemagne, l'Italie, le Japon poseront un jour on l'autre des questions politiques et économiques qu'il n'est pas possible d'enfermer dans des formules trop rigides. Il faut rester prêts et l'oeil au guet. La campagne du sénateur Borah qui fait pression sur le président Coolidge pour la convocation d'une conférence générale de désarmement, n'est pas sans rapports avec les manoeuvres |