952 REVUE DES DEUX MONDES. l'Europe centrale et orientale ; la proposition allemande nous offre ainsi l'occasion de rétablir un front unique des Alliés. Le discours de M. Chamberlain aux Communes, le'24 mars, ne nous donnait pas satisfaction, encore moins à la Pologne. Il en ressort, en effet, que si l'Allemagne a offert de reconnaître pour définitives ses frontières de l'Ouest, « il se peut qu'elle ne veuille pas, qu'elle ne puisse pas, renoncer à tout espoir et à toute aspiration de voir apporter une modification dans l'Est au moyen (le quelque arrangement amical et d'un accord ». M. Chamberlain ajoute, que pour obtenir de telles modifications, l'Allemagne s'engage à ne jamais recourir à la guerre. Mais comment ne voit-il pas que le seul fait d'admettre qu'un traité signé il y a quatre ans puisse être déjà l'objet de revisions, encourage tous les manquements et stimule tous les espoirs de l'Allemagne intransigeante ? Si la Pologne n'est pas en droit de s'estimer garantie contre tout nouveau partage par un traité daté de 1919 et qui porte la signature de l'Angleterre, que vaut donc cette signature ? La signature commerciale d'un Anglais est sacrée ; la signature politique de l'Angleterre serait-elle donc essentiellement caduque, sans conséquence ni prix ? L'opinion et les journaux anglais non seulement admettent une revision des traités, mais leur empirisme imprévoyant la désire et la prépare, et M. Chamberlain a beaucoup de peine et de mérite à résister à un tel entraînement. Le 30 mars, des délégués de la Commission des affaires extérieures de la Chambre, avec M. Loucheur, vice-président, à leur tête, vinrent demander à M. Ilerriot où en étaient les pourparlers avec Londres ; ils étaient d'avis qu'aucune négociation ne devrait être ouverte avec l'Allemagne avant qu'elle fCit entrée sans conditions ni réserves dans la Société des nations. Le Président du Conseil répondit qu'il était d'accord avec M. Chamberlain pour négocier dès maintenant, mais que rien ne serait signé avant l'admission de l'Allemagne dans la Société. Ainsi l'entretien se poursuit entre Londres et Paris, en même temps qu'entre Londres et Berlin. M. de Fleuriau, ambassadeur de France, revenant de Paris, a eu le 1er avril une importante entrevue avec M. Chamberlain ; une dépêche Havas apporte à ce sujet quelques éclaircissements. Les quatre PL_issances occidentales répondront à l'Allemagne, lorsque leur accord sera complet, sinon dans les mêmes termes, du moins dans le même esprit. L'Allemagne accepte de prendre comme base des négociations les articles ft 13 et 4 du traité ; (les éclaircissements, des précisions lui |