932 RES- UE DES DEUX MONDES. Hedda Gabier est la plus cruelle satire de l'individualisme, cher aux littératures du Nord. A l'impérieuse malfaisance d'iledda, Ibsen oppose l'utile servitude de Mm° Elsvted ; mieux vaut douceur que violence. Toute sa sympathie est pour ces deux vieilles filles, dont la vie n'a été qu'abnégation et dévouement, tante Julie et tante bina : c'est la revanche des humbles. Aussi, avons-nous été, l'autre soir, en pleine communion d'esprit avec l'auteur norvégien. Il nous a semblé seulement que son oeuvre baignait déjà dans un passé bien lointain, devenu historique, et même « histoire ancienne ». La femme fatale ne fait plus recette. Mme Piérat a composé, avec une intelligence remarquable, le rôle d'Hedda Gabier dont elle a souligné toutes les nuances et traduit supérieurement la vibration nerveuse. Grand succès pour M. Granval dans le rôle de Tesman. Au Gymnase, brillante reprise du Voleur. La pièce, fortement charpentée par un dramaturge passé maître en son métier, continue d'avoir la même prise sur le public. Elle est brillamment interprétée par Mlle Sylvie et MM. Francen et Arquillière. — A l'Odéon une reprise de la savoureuse adaptation du Mystère de la Passion, par MM.L. de la Tourasse et Gailly de Taurines a ravi le public lettré curieux de notre art du moyen âge. — Au théâtre des Mathurins, une comédie de M. René Fauchois : Boudu sauve des eaux. Le vagabond Boudu, retiré de la Seine et confortablement hébergé par un libraire du quai Voltaire, témoigne sa gratitude à son sauveteur en séduisant d'abord sa femme, puis sa servante maîtresse qu'il épousera au dénouement. Une gaieté, non parfois sans outrance, fait le succès de cette amusante comédie très bien jouée par MM. Burguet et Michel Simon, Mmes Ninon Gilles et Lucile Norbert. — Déjà les enfants avaient leurs romans grâce à la fameuse Bibliothèque rose : ils ont maintenant leur théâtre qui s'appelle, comme il convient, le théâtre du Petit Monde. Une charmante comédie de Mme du Genestoux, le Cirque Piccolo, y fait courir le tout- Paris enfantin. Les petites mains battent avec frénésie pour applaudir M. Moriss, un maire de village dont la seule vue provoque le rire, et son adjoint, M. Brien, et fêter la petite Simone Macari ainsi que toute la petite classe. RENÉ DOUMIC. |