904 REVUE DES DEUX MONDES. efficace, exige de l'individu un soin scrupuleux, méticuleux même et que, d'autre part, cette même terrible efficacité châtie sans pitié et des plus sanglantes sanctions la moindre négligence ; jamais la discipline ne dut être plus complète et en même temps d'un ordre plus élevé, car elle doit être active, ardente et joyeusement consentie. Ce sentiment de la discipline, les officiers. de réserve le manifestent en tout temps, pour ainsi dire tous les jours, non seulement en se conformant à leurs obligations militaires légales, mais aussi en plaçant résolument toutes leurs initiatives, toutes les collaborations auxquelles on les convie, au milieu de leurs camarades de l'active, dans le cadre de la hiérarchie et sous la direction des autorités militaires. Ils savent que leur abnégation est féconde ; elle contribue d'abord à créer et à entretenir autour d'eux, dans le milieu où s'écoule leur existence normale, cet impondérable, comme on dit, qui est la confiance dans le commandement, sentiment si indispensable au bon exercice même du commandement : un chef qui sent la confiance derrière lui regarde d'un oeil plus clair ses responsabilités. Elle affirme ensuite que la discipline indispensable au devoir militaire ne l'est pas moins pour le bon accomplissement d'autres devoirs : il est d'un sain exemple dans une démocratie comme la nôtre que des citoyens donnent publiquement l'exemple d'incliner leur intérêt personnel devant des obligations d'ordre supérieur. Moins austère sans doute, mais non moins utile est pour nos officiers le devoir de proclamer par leur attitude, de matérialiser aux yeux de tous, par leur existence même, la nécessité de l'armée nationale. Il est banal de répéter que la France ne désire pas la guerre, et nuls ne sont plus loin de ce désir que les anciens combattants, car ils savent, eux, ce qu'est la guerre. Mais il n'en est pas moins vrai qu'une nation qui veut vivre libre doit être en état de défendre son indépendance et son honneur. Après un cataclysme comme celui qui vient de bouleverser le monde pendant quatre années, il est enfantin d'imaginer que la signature d'un ou plusieurs traités fondera du jour au lendemain l'ordre nouveau qui est sorti de ce cataclysme. Il faut des années et des années pour que les deuils s'éloignent, que les haines s'éteignent et que les nationalités libérées ou rajeunies aient organisé et consolidé leur nouvelle |