898 REVUE DES DEUX MONDES. pagne et qu'ils exercent Ieur unité dans des conditions analogues à celles de la guerre ; voilà la véritable instruction, elle ne peut se donner que dans les camps et elle ne sera tout à fait complète que lorsque les convocations se feront non plus par classes, mais par régiments : la convocation par régiments d'ailleurs a été essayée avant la guerre ; elle avait donné les meilleurs résultats et nous avons bien souvent regretté, au début de la campagne, que la pénurie des camps d'instruction n'ait pas permis de donner à cette excellente mesure l'extension qu'elle méritait de recevoir. En dehors des stages réglementaires, en dehors même des stages volontaires dont on ne saurait trop recommander l'emploi, je conçois comme un procédé d'instruction d'une efficacité singulière que l'autorité militaire fasse appel aux officiers de réserve pour aider, sous sa direction, à la préparation générale de la nation à la guerre et je tiens à préciser cette idée par des exemples. La défense du territoire contre les incursions aériennes est une des questions les plus aiguës de la guerre moderne. Si les armées mobilisées sont capables et ont mission de défendre le territoire national en arrêtant par la bataille l'envahisseur terrestre, elles sont impuissantes à barrer tout l'atmosphère aux aéronefs chargés d'explosifs ou de substances toxiques ; la défense militaire antiaérienne abattra un certain nombre d'avions ou de dirigeables ennemis, elle en contraindra d'autres à faire des détours, à voler plus haut, à passer derrière les nuages, elle enrayera leur ardeur par des représailles, mais elle n'arrivera pas à créer une barrière infranchissable. Par conséquent,.dans un rayon d'action que les progrès de l'industrie augmentent chaque jour, les localités à l'intérieur d'un pays courront le risque du bombardement aérien ; contre ce risque elles doivent se prémunir elles-mêmes. Voilà la situation très simple et malheureusement certaine qu'il faut d'abord faire comprendre partout : cette situation n'est pas spéciale à la France ; toutes les nations continentales là subissent et l'Angleterre elle-même n'est pas entourée de mers assez larges pour l'y soustraire. Comment réagir contre ce risque, comment parer au danger ? Telle est la question précise qui se pose aux localités obligées de se garantir. Il suffit d'envisager le danger aérien comme on envisage un incendie ou |