888 REVUE DES DEUX MONDES. C'est un gros poisson Qu'il nous faut pour ton Appétit, Mon Oit ! S'il est beau, Ton costo, Tu l'auras quand même I C'est bien entendu Qu'au lieu d'une tortue, Tu l'auras ta brê...ênie !... ** Philarète Pinsonneau revint, majestueux, vers la cour de la Préfecture, donnant le bras à Honoré Martineau, fermier à la Barbotinière, suivi par la troupe en délire de ses partisans et de ceux du train de cinq heures cinquante-quatre. La nouvelle l'avait précédé et volait de bouche en bouche. Les hésitants se ralliaient à lui. Son succès ne faisait plus de doute, et le second tour de scrutin commençait. M. le comte de Raimondis et M. Hyacinthe Beloiseau conversaient avec vivacité auprès du colonel marquis de Gensaye, le second conseillant le désistement pur et simple en faveur de Pinsonneau, la lutte devenant désormais sans espoir ; le premier insistant pour que le colonel maintînt sa candidature jusqu'au bout, pour le principe. Le colonel, perplexe, mordait sa moustache. La discussion entre M. Beloiseau et le comte de Raimondis tournait à l'aigre. Il fallut le curé Tancheron pour l'apaiser. Les vêpres finies à Saint-Saturne, il était venu aux nouvelles en compagnie de son ami, le chanoine Rabot, et, profitant du désordre, les deux ecclésiastiques, s'étant aventurés à l'intérieur des grilles, flânaient dans la cour de la Préfecture, causant de groupe de groupe. Ils s'efforcèrent vainement de démontrer à M. de Raimondis, qui refusait obstinément de se laisser convaincre, que Pinsonneau, neveu d'un archiprêtre, et cousin du plus gros propriétaire foncier de Sarthe-et-Loir, ne pouvait être qu'une colonne inébranlable de l'ordre et de la religion. D'ailleurs, ne convenait-il pas de s'incliner devant le fait accompli ? Pourquoi une résistance qui ne pouvait aboutir : 'Aux prochaines élections législatives, le clergé et les classes dirigeantes, Pinsonneau lui-même, devenu sénateur et fort de |