860 REVUE DES DEUX MONDES. Les villes hésitantes reçurent des télégrammes signalant l'adhésion définitive de leurs voisines, et le même jour, quand ce n'était pas à la même heure, des télégrammes inverses encourageaient celles-ci par l'exemple des premières dont la décision était présentée comme certaine. La même manoeuvre se poursuivit auprès des individus et nombre de musulmans, qui ont signé la mazbata en faveur de Hussein pour imiter l'ami qui leur était cité comme modèle, apprirent plus tard que celui-ci n'avait pas donné son nom ou qu'il ne s'y était décidé précisément qu'après avoir été assuré de leur propre adhésion... Il est avéré que nombre de signatures furent apposées sur des feuilles ne comportant pas le texte auquel on souscrivait et sans que le signataire pût connaître les noms de ses copartisans. Le 11 mars, divers journaux reçurent d'Amman un télégramme anonyme signé « Votre correspondant » et annonçant qu' « une dépêche de San Remo portait la reconnaissance officielle d'Hussein par l'ex-sultan Wahieddine au nom de toute la dynastie osmanli » l Le 13 mars fut même répandue à Alep l'information que les Français reconnaissaient eux aussi le Malik Hussein comme khalife et que le général Weygand venait de lui envoyer un télégramme officiel de félicitations. Devant cette agitation grandissante, les éléments les plus divers, tant à Beyrouth que dans l'intérieur, sollicitaient les directives du Haut-Commissaire et de ses délégués. D'ailleurs, mise en face de troubles annoncés comme imminents, découvrant un complot et un appel à l'étranger contre la sûreté même du pays, l'autorité française gardienne de l'ordre public et de l'intégrité territoriale de la Syrie et du Liban avait le devoir d'intervenir. Elle le fit dans les limites mêmes que lui assignent les termes du mandat, sans les dépasser, mais en exécutant toutes les obligations qui lui sont prescrites. Les règles de l'action mandataire au cours de ces semaines tiennent en entier dans ces deux phrases : « Les relations extérieures de la Syrie et du Liban seront du ressort exclusif du mandataire » (art. 3). « Le mandataire garantit la Syrie et le Liban contre toute perte ou prise à bail de tout ou partie des territoires et contre l'établissement de tout contrôle d'une Puissance étrangère » (art. 4). En exécution de l'article 3, il avait déjà été répondu au Malik que les subventions qu'il offrait à des États ou à des |