84.0 REVUE DES DEUX MONDES. peuplé principalement de chrétiens et jouissant d'une autonomie relative depuis les événements de 1860, se refusa énergiquement à une fusion avec les États à majorité musulmane. Le nouveau régime fut assez long à mettre au point et c'est seulement en juin 1923 que le général'Weygand put signer les arrêtés organisant les services fédéraux et fixant les rapports entre les autorités de la Fédération et celles des États, A cette date,'notre mandat s'exerçait donc sur cinq gouvernements autonomes : États du Grand Liban, des Alaouites, d'Alep, de Damas et du Djebel Druze. Mais, tandis que l'indépendance du premier ne souffrait pas de restriction, les quatre derniers constituaient, pour la gestion de certains services, une Fédération dont le siège, qui devait d'abord passer annuellement de Damas à Alep, fut définitivement fixé à Damas. Toutefois, ces quatre États conservaient leurs droits de souveraineté, et la Fédération n'avait d'autres attributions que celles qui lui furent expressément et limitativement conférées ; les principales furent les services de la justice, du régime foncier, des finances, de l'enseignement supérieur, des travaux publics, de l'agriculture. Encore la fédéralisation de la plupart de ces administrations s'accommodait-elle du maintien, dans chaque État, d'une direction locale. Or, les résultats des premiers mois de fonctionnement ne furent pas favorables à cette organisation. La Fédération, décriée très rapidement, mal défendue par la plupart de ses fonctionnaires, fut accusée d'être la source de tous les maux. En réalité, une incontestable gêne économique et les fluctuations du change qui paralysaient alors les affaires, étaient une cause plus profonde de ce mécontentement. Ainsi le Haut-Commissaire, tout en poursuivant le progrès du pays dans les divers domaines de l'activité économique, eut à le rechercher aussi sur le terrain politique, et il fut doublement incité à réaliser aussi rapidement que possible une meilleure organisation, d'abord parce qu'elle est la première partie du programme qui nous incombe et aussi parce qu'elle constitue le cadre dans lequel se placeront toutes les autres réformes. Mais il y avait à dégager les vraies causes du malaise et à départager, dans les protestations, celles qui plaidaient pour « l'autonomie à favoriser » de celles qui constituaient seulement les manoeuvres d'une opposition systématique. |